Line-up
:
Nicolas Godin & Jean-Benoît Dunkel : all instruments
Additional Musicians :
Julie Sarr : backing vocals on #8
Olyza : backing vocals on #8
Justin Meldal-Johnsen : vocals on #2, bass on #2, #3, #5 & #10 &
drum sound on #3 & #10
Roger Joseph Manning Jr. : vocals on #2 & #3 & keyboards on
#3, #5 & #1
Beck Hansen : vocals on #4 & #10 & harmonica on #4
Jason Falkner : vocals on #3, #6 & #8
Ken Andrews : vocals on #3, #6 & #8
Sugar Buffalo : vocals on #7
Yumiko Buffalo : vocals on #7
Lisa Papineau : vocals on #6
Barbara Cohen : vocals on #5
Eric Carlson : soprano vocals on #10
Brian Reitzell : drums on #2, #3, #4, #5, #8, #9 & #10 & drum
sound on #3 & #10
Jean Croc : whistle on #10
Corky Hale : harp on #5
Thomas : hand claps on #4
Annabel : hand claps on #4
Dunckel : hand claps on #4
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Après
le succès de la parenthèse "The Virgin Suicides",
AIR nous revient quelques trois années après son premier
album "Moon Safari" pour nous en offrir la véritable
suite. Loin de placer cette bande originale aux oubliettes, le groupe
veut bien faire comprendre que c'était une uvre à
part dans leur discographie. Dans un pareil cas, on n'est pas maître
de son inspiration car l'influence est dictée, tout va plus vite.
Pour un album, c'est différent, on ne part à priori de
rien et on ne s'inspire que de soi-même, ce qui rend la tâche
beaucoup plus difficile.
Pour commencer, quelle peut être la signification d'un titre aussi
énigmatique que "10 000Hz Legend" ? C'est en fait une
fréquence sonore supposée avoir un pouvoir relaxant, qui
vous transporte dans une sorte de bulle
un peu à l'image
de AIR. Ce titre se veut donc très approprié à
la situation car une fois de plus, AIR nous enivre. Ici, le duo nous
a pondu un album contrasté, peut-être encore plus psychédélique
que ne l'était "Moon Safari" et dans lequel on peut
retrouver certaines atmosphères Ambient chères à
"The Virgin Suicides". "10 000Hz Legend" est truffé
de nappes synthétiques et mélancoliques, dans lequel le
côté émotionnel est fortement mis en avant. C'est
un retour à une veine instrumentale moins figurative avec moins
de relents Pop, des résurgences Pink Floydiennes et une naïveté
plus conceptuelle que dégoulinante. Ce qui est assez extraordinaire,
c'est que même en renouvelant systématiquement sa musique
et en ayant recours à une musicalité moins bavarde, AIR
parvient quand même à projeter une vision esthétique
forte et reconnaissable entre toutes. C'est le changement dans la continuité.
Mais néanmoins, la musique de AIR reste toujours rêveuse,
décomplexée, affligée, déconnectée,
astrale, riche et surtout kitsch (terme auquel le groupe redonne ses
lettres de noblesses). Les trois premiers morceaux de l'album forment
une sorte de triptyque qui retrace à lui seul et par quelques
détails une décennie de PINK FLOYD. L'utilisation du chant,
des guitares, des rythmiques digitales et autres pianos renforce ce
sentiment, généralement contesté par le groupe.
Au cour de l'écoute de l'album, une dominante se dégage,
l'acoustique est systématiquement transfiguré par l'électronique.
AIR, désormais animé d'intentions mélancoliquement
sophistiquées, confirme ses dispositions mélodiques. Le
safari de 1998 se prolonge en un voyage plus rugueux et halluciné,
même si plus au cur de la terre. Ici, rien ne manque à
l'effet nostalgique, sans pour autant céder au pittoresque ou
à l'anecdotique.
AIR a employé un peu tout ce qu'ils savaient faire. Ils ont utilisé
des principes proches de la Techno en adoptant une attitude plus progressiste.
Les morceaux sont plus complexes et moins accessibles. On trouve plus
de chansons, plus de voix, et aussi, plus de nuances, on peut vite passer
de titres joyeux à d'autres beaucoup plus noirs. On trouve aussi
bien des synthés Pop vintage que d'autres plus modernes, des
batteries et des boîtes à rythmes, des pianos
Nicolas
et Jean-Benoît utilisent tout, n'importe comment, pourvu qu'ils
puissent détourner les instruments de leur fonction première.
La guitare acoustique est encore plus présente et, même
si elle ne se marie pas initialement avec l'électronique, ce
sont ses sonorités ultra classiques qui sonnent dépareillées.
Elle remplit un morceau aussi bien harmoniquement que rythmiquement.
AIR a explosé le concept du groupe où chaque musicien
a sa place, chacun expérimente à tour de bras sans réelle
ligne directrice. L'important, c'est de donner des images.
Après tant d'éloge, on pourrait octroyer une dénomination
non perfectible à l'album mais il serait illusoire de penser
qu'il n'y a aucune ombre au tableau. Ici, c'est le morceau "The
Vagabond" le coupable. Loin d'être un mauvais titre, il se
trouve être chanté par Beck et de ce fait ressemble trop
à du
Beck justement et manque donc d'identité propre.
Je pense qu'il aurait plus sa place sur un album de l'artiste susnommé
que sur ce "10 000Hz Legend". Mise à part cette petite
remarque, vous aurez compris que le reste est à consommer sans
limite de péremption.
AIR s'appuie
sur le passé pour nous donner un aperçu du futur et sa
musique sans écueil nous bouleverse toujours autant.
Ben
: 90% (Février 2003)
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