Line-up
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Nicolas Godin & Jean-Benoît Dunkel : all instruments
Additional Musicians :
Gordon Tracks : vocals & drums on #1
Hugo Ferran : saxophone on #1
Brian Reitzell : drums on #3, #6, #7, #12 & #13
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Suite
au succès de son premier album, AIR est contacté par Sofia
Coppola, la fille du maître réalisateur américain,
pour composer la musique de son premier long-métrage "The
Virgin Suicides" qui sortira à l'automne 2000. Ce film (avec
comme acteurs principaux, Kristen Dunst, Kathleen Turner et James Wood)
est l'adaptation du roman de Jeffrey Eugenides paru en 1995 et qui transcrit
sur papier une histoire à l'atmosphère très controversée.
Dans une ville du Michigan, au milieu des années soixante-dix,
les garçons n'ont d'yeux que pour les cinq surs Lisbon.
Toutes plus belles et plus mystérieuses les unes que les autres,
elles attisent la curiosité d'une bande d'adolescents qui, découvrant
l'amour, sont prêts à tout pour faire leur connaissance
et pour percer le mystère qui les entoure. Mais leur passion
pour ces filles va brusquement les confronter aux réalités
de l'âge adulte et les marquer à jamais. Chronique de cinq
morts annoncées, "The Virgin Suicides" est un film
à part, lumineux et désespérant. C'est sur des
images dérangeantes et torturées que AIR a la charge d'apposer
sa Pop atmosphérique et le résultat sera à l'image
du film, à la fois mélancolique et troublant. C'est en
partie grâce à sa bande originale que l'uvre laisse
une telle impression.
Ce disque de AIR est une B.O.F. très classique dans sa forme,
a savoir des thèmes récurrents et une monté en
puissance, mais dans le fond, il s'en dégage une musique très
riche, mélangeant les ambiances toujours plus accablées
et torturées. Fondue et enchaînée dans le maillage
du film, la musique de AIR est splendide, magique et incroyablement
dense et elle le reste une fois privée des images. Pour la réalisation
de cette bande-son, AIR puise cette fois-ci dans les réalisations
des grands noms du genre comme Enio Morricone ("Il Etait Une Fois
Dans l'Ouest"), Vladimir Cosma ("La Boum") ou autre John
Barry ("James Bond"). En y ajoutant une véritable touche
personnel, le duo versaillais accouche, non sans douleur, d'une musique
étonnante et intrigante, beaucoup moins électronique que
"Moon Safari" et, de ce fait, bien plus charnelle encore.
Les morceaux, assez courts dans l'ensemble et pour la plupart instrumentaux,
constituent des intermèdes musicaux, comme des photographies
instantanées d'une humeur ou d'un état d'esprit. L'utilisation
de cordes languides, de pianos fatigués, d'orgues hautains et
de rythmiques cardiaques assure la majeure partie de l'orchestration
et cet ouvrage, qui se révèle être très sobre
et surtout très intime, devient de plus en plus prenant au fil
des écoutes. Vendu comme un "Dark Side Of The Moon Safari"
par son label, ce disque fait inévitablement référence
au mythe Floydien dans ses compositions. Loin de repomper le maître
ou d'utiliser sa recette, AIR s'accapare en partie cette influence et
la ressort plus propre, plus marquée par le sceau AIR. La musique
est sombre. Sombre mais profonde. La où "Moon Safari"
était une uvre de jeunesse évasive, "The Virgin
Suicides" se veut plus extrême, plus proche de la réalité.
Au départ, indissociable du film, ce disque s'affirme et s'éloigne
assez vite en fait de sa fonction première pour devenir lui-même
entité.
La musique
de AIR FRENCH BAND (l'appellation du groupe à l'étranger),
comme beaucoup de celles étiquetées Trip-Hop, a souvent
été comparée à une bande originale de film.
Le groupe signe ici l'une des plus belles et des plus sombrement lumineuses
bandes-son du genre.
Ben
: 95% (Février 2003)
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