Carnival In Coal - "Fear Not Carnival In Coal"
France - 2001 - Kodiak Records - 45'34

1. Yes, We Have No Bananas
2. Cadillac
3. 1308.JP.08 (Cover From S.U.P.)
4. Exit Upon Void
5. Don't Be Happy, Worry.
6. Gang Bang
7. Daaahhh
8. Ring My Bell
9. Fear/Fear Not

Line-up :
Arno Strobl : the whole stuff (but music)
Axel Wursthorn : everything (but vocals)

Une solide réputation forgée à coup d'albums fous furieux, syntaxes d'un état d'esprit très emprunté à Zappa et autres Mr Bungle accouplé au Metal Extrême, CARNIVAL IN COAL bénéficie donc en toute logique d'un gros support médiatique à la sortie de ce troisième effort, "Fear Not Carnival In Coal". Visiblement très apprécié par la presse spécialisée, je ne serai pas aussi enthousiaste vis à vis de cet opus. Certes le groupe réserve d'agréables morceaux bourrés d'humour textuel et musical, gonflés à bloc de passages tordants (fou rire garanti à l'écoute de la partie narrée de "Cadillac" durant laquelle Strobl vante les mérite de cette automobile façon publicité des années 50), de références clin d'œil à d'autres artistes (tout particulièrement dans les intonations vocales de Strobl) ou de cette excellente reprise de "1308.JP.08" du non moins excellent S.U.P. rendue très dance-floor par les deux loufoques d'Amiens, et, c'est devenu une habitude, une multitude de petits plus sonores, de sons, et d'arrangements particulièrement bien sentis, avec notamment l'utilisation d'instruments supplémentaires (on trouve du violon sur "Exit Upon Void" par exemple, ou du tuba sur "Don't Be Happy, Worry"). Là où le bât blesse, c'est que traîne le sentiment que CARNIVAL IN COAL a décidé de ne pas varier son orientation d'un pouce en exploitant jusqu'à la lie une recette qui, ayant servi déjà deux fois, commence à sentir le rassis. D'autre part, les excès de violence de certains morceaux sont très rébarbatifs et gâchent foncièrement le travail minutieux des plans suivants ou précédents, tels de médiocres tentatives de remplissage. Et pourquoi utiliser une fois encore des plans purement Disco ? Au final, "Fear Not Carnival In Coal" ne sonne plus comme l'album du groupe inventif et déjanté que l'on connaissait et écoutait avec plaisir sur "Vivalavida", mais comme d'un délire à écouter une fois le mois à l'occasion d'une fête arrosée entre amis. C'est dommage puisque le duo nous gratifie de moments particulièrement jouissifs que l'on retient moins bien que les objets de la déception. Aussi "1308.JP.08", "Gang Bang" (morceau de Metal Techno repoussant à la première écoute, trippant lors des suivantes) ou encore "Fear/Fear Not" sont des titres très réussis et surtout progressistes par rapport à l'œuvre passée du combo. Doublement dommage même, puisque les musiciens derrière CARNIVAL IN COAL sont de véritables artistes, respectables de par leur multiples facettes (le panel de voix de Arno Strobl est impressionnant tandis qu'Axel Wursthorn est un multi instrumentiste très doué). Aussi, au fil des écoutes, la déception du début s'efface, mais le malaise reste. Un peu comme si le groupe n'avait pas osé sortir complètement du créneau dans lequel on l'avait catégorisé alors qu'il est capable de bien plus, particulièrement dans les morceaux et passages éthérés et hypnotiques. Enfin, sans vouloir insister trop lourdement sur ce point, le son manque sur cet album encore, de "corps", et, les guitares, le chant et les rares instruments réels mis à part, l'ensemble est trop digital, trop clinique pour permettre à l'auditeur soucieux de la qualité de la texture sonore de l'ensemble de pleinement apprécier l'œuvre du groupe. Peut-être devrait-il faire appel a des musiciens de sessions à l'avenir ? Il reste à espérer que "Fear Not Carnival In Coal" sera l'œuvre chargée de clore un chapitre de la vie de CARNIVAL IN COAL avant que le groupe n'évolue musicalement en débarrassant sa musique du maladroit et du superflu, pour atteindre le statut de groupe majeur. D'ici là on se contentera de parcourir d'une oreille distraite cet album de temps en temps en se disant que décidément "Vivalavida" était bien meilleur, qu'il avait une durée de vie bien plus longue, et qu'il va être difficile de faire mieux en persévérant sur cette voie. A noter un ghost track hilarant, je n'en dis pas plus pour enrager les curieux…

Huggy : 80% (Octobre 2002)



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