Un an à peine après la sortie de "R.I.P.", CORONER revenait avec un album au moins aussi bon. Comme auparavant, la courte introduction passée, les musiciens ne ménagent guère leurs auditeurs en proposant à nouveau un titre excellent entre mélodies et agressivité. On pourrait croire que le groupe s'est donné pour objectif de débuter tous leurs albums par un morceau culte et c'est avec joie que l'on poursuit l'écoute du CD jusqu'à la fatidique piste 4… où ils nous refont le coup du précédent album en nous servant à nouveau une monstrueuse instrumentale "néo-classique" au tempo rapide. Je pense pouvoir dire sans honte que celle-ci, avec son fameux second solo et son riff de taré juste après, est supérieure à la "Nosferatu" de l'opus précédent, la barre était pourtant placée bien haut.
L'album est globalement aussi rapide que "R.I.P.", et ceux qui ont apprécié ce dernier ne se sont pas sentis trahis par les titres de "Punishment For Decadence". Ça ne veut pas dire pour autant que les compositeurs se sont contentés d'en faire une copie car il y a une réelle évolution dans le son, non pas dans la production puisqu'elle est grosso modo la même, mais dans les sonorités (certaines mélodies dissonent - comme dans le refrain et dans une rythmique de "Absorbed" par exemple -, le vibrato est de plus en plus utilisé...), ces sonorités qui donneront cet aspect si particulier aux albums qui suivront. Les intros au clavier ont maintenant disparu et les parties acoustiques ont largement été écartées au profit de riffs saturés moins orientés vers une création d'ambiance mais tout aussi intéressants. On pourra entendre quelques fois des riffs qui feront vaguement penser à du Death (dans "The New Breed" et au début de "Shadow Of A Lost Dream" si je ne devais citer qu'eux) mais la comparaison s'arrête là. Le groupe épure petit à petit son style de son côté "Heavy" tout en gardant une grande qualité de composition.
Les soli de guitares sont maintenant plus travaillés et, dans l'ensemble, plus beaux. Quelques-uns m'ont rappelé certains trucs de Patrick Rondat mais je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une influence chez T.T. Baron. Il a son propre jeu qu'il peaufinera au fur et à mesure que CORONER sortira des albums, et si influences il y a, c'est du côté de Jimmy Hendrix qu'il faut aller les chercher puisqu'un hommage lui est rendu avec la reprise de "Purple Haze".
En bref, cet album se rapproche de son prédécesseur tout en évitant la copie conforme. Il est peut-être un peu plus technique et un peu moins accessible mais reste tout de même un monument du "Heavy/Thrash". D'ailleurs je trouve ce terme un peu réducteur, disons qu'il est un excellent album de "Thrash à la CORONER"… que tout le monde se doit de posséder, bien entendu.

Rust : 85% (Décembre 2002)