Devin Townsend - "Infinity"
Canada - 1999 - HevyDevy Records - 46'47
1. Truth
2. Christeen
3. Bad Devil
4. War
5. Soul Driven
6. Ants
7. Colonial Boy
8. Dynamics
9. Unity
10. Noisy Pink Bubbles

Line-up :
Devin Townsend : vocals, guitars, bass & programming
Gene Hoglan : drums
Additional Musicians :
Erin Townsend : vocals
Lyn Townsend : vocals
Dave Townsend : vocals
Naomi : vocals
Tanya Evans : vocals
Lara Ulhoff : vocals
Chis Valago : vocals
Brad Jackson : vocals
Christian Olde Webbers : bass
Abdy Codrington : trombone

Accompagné tout comme dans STRAPPING YOUNG LAD par l'un des tous meilleurs batteurs du monde M. Gene Hoglan, Devin Townsend nous propose avec "Infinity" de partager avec lui sous forme musicale la tempête qui se déroule sous son crâne. Parce que le moins que l'on puisse dire, c'est que cet album est complètement déjanté ! Assez éloigné de tout ce qu'il a pu composer précédemment, "Infinity" est la preuve discographique du passage assez difficile de l'artiste de la colère de jeune homme mal dans sa peau à celui de la maturité. Et il n'a pas lésiné sur les moyens : un an d'enregistrement, et un stress tel qu'il en a perdu une bonne partie de sa blonde chevelure. La musique est très, mais alors très riche et pas toujours facile d'accès. De "Truth", mystique et surpuissant, en passant par le dingue et speedé "Bad Devil" - sur laquelle joue le bassiste de feu FEAR FACTORY - jusqu'à "Noisy Pink Bubble" qui commence par un plan crooner pour terminer en apothéose en une sonorisation psyché de ses fantasmes, Devin a placé la barre très haut au niveau créatif. Les pistes de guitares se superposent et se complètent, les claviers sont grandioses, les chœurs prennent pour la première fois toute l'envergure qu'ils méritent dans le mix, le chant lead est magnifiquement travaillé et interprété, pour un résultat très original et détonnant. Difficile de poser une étiquette sur ce disque, mais on pourrait presque croire que Townsend à réussi l'impossible pari de faire d'un album de Metal une comédie musicale ! Les morceaux sont très variés et représentent tour à tour toutes les panoplies que le Canadien est capable d'endosser, en particulier au niveau du chant : pop sur "Christeen", labyrinthique sur le superbe "Soul Driven Cadillac" où des dizaines de chœurs se superposent et forment un ensemble compact de mélodies venues d'ailleurs, crooner sur "Wild Colonial Boy" et "Noisy Pink Bubble". Une bonne quinzaine d'écoutes est nécessaire avant d'assimiler la quantité impressionnante d'informations qui accèdent à votre cerveau, mais une fois le premier barrage franchi, quel bonheur ! On se rend compte à quel point Townsend est au-dessus de la masse des musiciens. Rarement un disque peut conjuguer avec tant de brio expérimentation et fluidité. On peut faire un parallèle avec la musique de Zappa sur le fond et un peu sur la forme, en particulier en mélangeant si bien les passages totalement fous avec d'autres plus accessibles et standards. Qui s'attendrait après avoir écouté la première partie du disque - la plus facile d'accès - voir débouler ce "Soul Driven Cadillac", ce "Ants" (sans doute le morceau le plus dingue jamais composé par Devin) et ce "Wild Colonial Boy" d'anthologie. Les références à la religion et aux croyances en tout genre pour une divinité supérieure sont fréquentes. "Truth", ouvrant l'album possède une aura mystique, les paroles de "Christeen" ont deux niveaux de lecture, et le sublime instrumental "Unity", commençant par quelques accords de guitare en son clair se termine en messe épique, faisant immanquablement penser aux cieux et à celui ou ceux qui l'habite(nt) peut être…
Un très grand disque, mais qui risque de rester incompris à jamais par nos contemporains…

Huggy : 99% (Mars 2002)



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