Devin Townsend - "Infinity"
Canada - 1999 - HevyDevy Records - 46'47 |
1.
Truth
2. Christeen 3. Bad Devil 4. War 5. Soul Driven 6. Ants 7. Colonial Boy 8. Dynamics 9. Unity 10. Noisy Pink Bubbles |
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Line-up
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Accompagné
tout comme dans STRAPPING YOUNG LAD par l'un des tous meilleurs batteurs
du monde M. Gene Hoglan, Devin Townsend nous propose avec "Infinity"
de partager avec lui sous forme musicale la tempête qui se déroule
sous son crâne. Parce que le moins que l'on puisse dire, c'est
que cet album est complètement déjanté ! Assez
éloigné de tout ce qu'il a pu composer précédemment,
"Infinity" est la preuve discographique du passage assez difficile
de l'artiste de la colère de jeune homme mal dans sa peau à
celui de la maturité. Et il n'a pas lésiné sur
les moyens : un an d'enregistrement, et un stress tel qu'il en a perdu
une bonne partie de sa blonde chevelure. La musique est très,
mais alors très riche et pas toujours facile d'accès.
De "Truth", mystique et surpuissant, en passant par le dingue
et speedé "Bad Devil" - sur laquelle joue le bassiste
de feu FEAR FACTORY - jusqu'à "Noisy Pink Bubble" qui
commence par un plan crooner pour terminer en apothéose en une
sonorisation psyché de ses fantasmes, Devin a placé la
barre très haut au niveau créatif. Les pistes de guitares
se superposent et se complètent, les claviers sont grandioses,
les churs prennent pour la première fois toute l'envergure
qu'ils méritent dans le mix, le chant lead est magnifiquement
travaillé et interprété, pour un résultat
très original et détonnant. Difficile de poser une étiquette
sur ce disque, mais on pourrait presque croire que Townsend à
réussi l'impossible pari de faire d'un album de Metal une comédie
musicale ! Les morceaux sont très variés et représentent
tour à tour toutes les panoplies que le Canadien est capable
d'endosser, en particulier au niveau du chant : pop sur "Christeen",
labyrinthique sur le superbe "Soul Driven Cadillac" où
des dizaines de churs se superposent et forment un ensemble compact
de mélodies venues d'ailleurs, crooner sur "Wild Colonial
Boy" et "Noisy Pink Bubble". Une bonne quinzaine d'écoutes
est nécessaire avant d'assimiler la quantité impressionnante
d'informations qui accèdent à votre cerveau, mais une
fois le premier barrage franchi, quel bonheur ! On se rend compte à
quel point Townsend est au-dessus de la masse des musiciens. Rarement
un disque peut conjuguer avec tant de brio expérimentation et
fluidité. On peut faire un parallèle avec la musique de
Zappa sur le fond et un peu sur la forme, en particulier en mélangeant
si bien les passages totalement fous avec d'autres plus accessibles
et standards. Qui s'attendrait après avoir écouté
la première partie du disque - la plus facile d'accès
- voir débouler ce "Soul Driven Cadillac", ce "Ants"
(sans doute le morceau le plus dingue jamais composé par Devin)
et ce "Wild Colonial Boy" d'anthologie. Les références
à la religion et aux croyances en tout genre pour une divinité
supérieure sont fréquentes. "Truth", ouvrant
l'album possède une aura mystique, les paroles de "Christeen"
ont deux niveaux de lecture, et le sublime instrumental "Unity",
commençant par quelques accords de guitare en son clair se termine
en messe épique, faisant immanquablement penser aux cieux et
à celui ou ceux qui l'habite(nt) peut être
Huggy : 99% (Mars 2002) |