Devin Townsend - "Physicist"
Canada - 2000 - HevyDevy Records - 46'35

1. Namaste
2. Victim
3. Material
4. Kingdom
5. Death
6. Devoid
7. The Complex
8. Irish Maiden
9. Jupiter
10. Planet Rain
11. Forgotten (Bonus Track)

Line-up :
Devin Townsend : vocals, guitars & programming
Jed Simon : guitars
Byron Stroud : bass
Gene Hoglan : drums
Additional Musicians :
Chris Valago : vocals
Marina Reid : vocals
Sharon Marker : vocals
Teresa Duke : vocals

Autant annoncer la couleur tout de suite, cet album cuvé XXIe siècle de Devin Townsend déçoit aux quelques premières écoutes. On a le sentiment que l'inspiration n'était pas aux rendez-vous : les riffs de guitares n'ont rien de génial, le chant de Devin n'atteint que rarement les sphères de génie qu'il a pu atteindre par le passé et l'album défile sans que l'auditeur ne retienne quoi que ce soit. Même Devin prétend, avec un petit sourire narquois, qu'il a, je cite "merdé avec cet album". Mais l'erreur serait d'abandonner et de se complaire dans son dépit ! Parce que contrairement à ce qui a été dit plus haut, cet album n'a rien de décevant lorsqu'on lui consacre un peu plus d'attention. Certes il paraît fade au début, mais c'est en multipliant les écoutes qu'il se révèle sous son véritable visage. La guitare n'est pas à l'honneur sur ce disque, et c'est sans doute ce qui choque en premier lieu. C'est au niveau des ambiances et des arrangements qu'il se distingue. Les chœurs sont une fois de plus grandioses, et les atmosphères tour à tour oniriques ("Kingdom", "The Complex"), ultra violentes ("Death", qui aurait trouvé sa place sur un album de STRAPPING YOUNG LAD sans problème), et fantastiques ("Devoid", qui fait presque penser à du black avec ses claviers symphoniques). Autant dire qu'une fois les morceaux assimilés et disséqués, il y a toujours un petit quelque chose en plus à découvrir à chaque nouvelle écoute, comme toujours chez Townsend. Le chant lead est parfois un peu décevant ("Namaste", "Material") mais frise avec le génie dans d'autres cas ("Kingdom", et surtout "Irish Maiden" et "Jupiter"). Les samples ont une fois encore un rôle important dans la mise en place des atmosphères. Le travail de ces derniers est proprement sublime : il faut parfois tendre l'oreille et écouter le disque au casque pour attraper ce petit plus sonore, ce bruit, cette boucle, qui magnifie chaque titre. La richesse du background sonore est récurrente chez Devin, et "Physicist" est lui aussi fidèle à cette règle.
Mais ce qu'il faut comprendre de ce disque, c'est qu'il s'agit d'un résumé de l'œuvre de Devin Townsend. Comment ne pas penser tour à tour à "City", "Biomech" et "Infinity" ? En effet on retrouve chacun des éléments qui font les particularités de ces trois projets, la rigueur et la brutale précision de STRAPPING YOUNG LAD, les ambiances océaniques et oniriques de "Ocean Machine", la folie et les chœurs sortis tout droit d'un cerveau malade de "Infinity".
"Physicist" est un disque sous-estimé - sans doute parce qu'on attendait plus de Devin, lui-même torturé par son désir d'évoluer et celui de faire plaisir aux fans de STRAPPING YOUNG LAD et d'OCEAN MACHINE - mais d'une grande valeur, croyez-moi.

Huggy : 85% (Mars 2002)



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