Dunwich - "Eternal Eclipse Of Frost"
Italy - 1999 - Rising Sun Productions - 43'19
1. Il Giro Di Vite - 1'41
2. Passagio A Saint Briac - 5'04
3. Il Nostro Incanto - 4'50
4. Il Vento Di Aran - 4'01
5. Il Vento Di Aran (Reprise) - 4'17
6. Alcheringa - 2'01
7. Preparazione Al Trono - 4'42
8. La Veglia Egli Angeli - 4'07
9. L'Avorio Di Trene - 3'49
10. Il Bosco Sacro - 4'35

Line up :
Katya Sanna : vocals
Claudio Nigris : keyboards & orchestral arrangements
Alessandro Vitanza : drums
+ many guests for classic instruments & choirs

Il arrive qu'une bonne surprise inespérée vienne à point nommé sauver une journée pluvieuse du fastidieux. Ce curieux groupe italien nommé DUNWICH appartient à cette catégorie. J'ai tout d'abord été intrigué en lisant que le compositeur principal Claudio Nigris garde ce projet en vie depuis 1985 !!! Cette longévité est, si l'on peut dire, déjà un certain gage de qualité. Deuxièmement, désolé pour ceux qui auraient pu être attirés vers cette chronique par le patronyme de DUNWICH, mais le groupe n'a rien à voir avec la littérature lovecraftienne, ou pour être plus exact n'a "plus" rien à voir, si l'on remonte jusqu'au premiers enregistrements qui, dans les 80's, portaient des titres plus évocateurs comme "The Dunwich Horrors", "Morbid Dance Tale Of Yog Sothoth", etc… De nos jours, la musique est consacrée à un patchwork de légendes empruntées à diverses cultures (par exemple la mythologie grecque) ou à des auteurs comme Henry James, le tout étant exclusivement narré en italien par une vocaliste de formation classique qui n'est pas sans rappeler Francesca d'ATARAXIA, en moins passionnel toutefois. Si l'on en croit la fiche info, les chansons sont apprêtées tout spécialement pour un orchestre réel comprenant une quarantaine d'instruments. Honnêtement je dirais que je n'ai jamais l'impression d'une telle quantité harmonique, mais ce que j'écoute me prouve bel et bien la présence des lamentations de quartz d'un authentique quartet de violons, ou le tintement spectral d'un triangle dans la brume. Et les moines à l'arrière plan sont définitivement de chair et de sang (un chœur en droite provenance du Vatican !). Vous êtes bien d'accord qu'on a affaire à quelque chose de spécial, non ? Ceux qui se risqueront à lâcher THERION ne seront pas loin de la cible, mais il y a certaines différences immanquables. Par exemple, "Eternal Eclipse Of Frost" est bien plus dynamique que n'importe quel album de THERION post-"Theli", ceci bien que les guitares soient moins Heavy, pour ne pas dire "rock" la plupart du temps. J'avancerais bien un crossover baroque entre les airs folkloriques de BLACKMORE'S NIGHT et un VAN HALEN pour les guitares et les solos fruités, plus un lot de rythmiques Speed Metal qui paraissent un peu archaïques dans la forme, mais tout de même adaptées et rafraîchissantes dans le contexte (cf. "Alcheringa"). Ce qui fait véritablement décoller cet album, au-delà des aptitudes de compositions très professionnelles de M. Nigris, c'est son atmosphère épique étonnamment opérante. En se passant l'album à plein volume, on se sent littéralement baladé aux quatre coins d'un conte d'heroïc fantasy, tout à tour giflé par un vent de tempête, perdu dans une caverne lugubre, ensorcelé par une sonate séductrice ou fièrement posté à la poupe d'un vaisseau faisant voile vers des terres de conquête, comme sur le magnifique morceau d'ouverture "Il Giro Di Vite" et ses trompettes stimulantes.
En sa qualité de mini "opéra", cet album traverse bien entendu certains moments plus rébarbatifs que d'autres, mais ce serait une erreur de totalement rayer de sa carte musicale ce groupe excellent qui occupe une place à part dans le paysage Metal d'aujourd'hui. Il est juste dommage que la portée de cet album se trouve fort limitée par le fait que les paroles soient en italien et que le petit label Rising Sun ne soit pas en mesure de développer une promotion de grande échelle pour ses artistes - mais cela ne rend l'objet que plus rare et donc gratifiant à posséder. DUNWICH pourront n'être pas assez Metal pour certains, et au contraire trop Metal pour d'autres… Mais si vous n'êtes pas contre un trip Sympho/Médiéval très au-dessus de la moyenne, je suggère que vous éjectiez vos CDs kitsch à la IN EXTREMO / SALTATIO MORTIS, et que vous donniez à celui-ci une chance de devenir votre chouchou.

Uriel : 80% (Avril 2003)



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