Line-up :
Robert Karlsson : vocals
Andreas Axelsson : guitars
Sami Nerberg : guitars
Anders Lindberg : bass
Benny Larsson : drums

C'est affublé d'une pochette absolument hideuse, d'un nouveau chanteur, et amputé de Dan Swanö - principal compositeur et parolier, fondateur, chanteur, accessoirement guitariste et clavieriste depuis 6 ans - que EDGE OF SANITY revient sur le devant de la scène, quelques mois à peine après la sortie de leur dernier méfait, "Infernal". Suite au départ de Dan, la question de savoir si le groupe était capable de continuer sans son mentor ne s'est même pas posé : sous l'impulsion de son label, Axelsson & Co s'engage dare-dare dans la composition et l'enregistrement d'un nouvel album, sobrement intitulé "Cryptic". D'après les déclarations de ces derniers, c'est à un album bien plus brutal qu'il fallait s'attendre, un genre de retour aux sources. Et lorsqu'on entend débouler les premières notes de "Hell Written", fantastique morceau de Death Mélodique, hyper speed et ravageur, personne ne peut nier que EDGE OF SANITY a décidé de composer ses petits déjeuners de lions et autres fauves aux crocs acérés. Cependant le break mélodique - presque atmosphérique - au centre du titre laisse présager une suite un peu moins rentre dedans. C'est chose confirmée dès le second morceau, "Uncontroll Me", un titre quelque peu Stoner sur les bords, presque Death 'n' Roll serais-je tenté de dire. A base de riffs simples et efficaces, "Uncontroll Me", au même titre que "No Destiny", "Dead I Walk" ou encore "Bleed You Dry" - très intense, achevant de la meilleur des façon l'album -, semble être issu de la volonté du groupe de toujours coller au style qu'il pratiquait alors que Dan Swanö faisait encore partie du groupe. L'influence de ce dernier est, malgré son absence, très présente sur l'intégralité de l'album. C'est simple, on croirait "Hell Written" - meilleur morceau de l'album, ce titre arrache tout sur son passage ! - sorti des mains de fée de M. Swanö en personne tant le style est similaire à celui du jeune prodige suédois. Les morceaux sont dans l'ensemble moins complexes que par le passé - même si EDGE OF SANITY n'a jamais vraiment officié dans le technique ou l'alambiqué -, mais plutôt orientés vers l'efficacité immédiate. Les nombreux riffs qu'on jurerait sortis tout droit d'un groupe de Stoner, mâtinés de Hardcore - la touche personnelle de Andreas Axelsson , à n'en pas douter - et de Death 'n' Roll à la ENTOMBED, sont bons dans l'ensemble, même si l'on peut regretter une certaine redondance parfois, notamment en fin d'album. D'autres morceaux, beaucoup plus typés Metal Mélodique "de base" ("Not Of This World", "Born, Breed, Bleedind") sont malheureusement très inférieurs au reste du contenu de ce "Cryptic". EDGE OF SANITY s'autorise tout de même de petites excursions en terrain inconnu, comme sur "Demon I" pourvu d'une introduction étrange, assez décalée, et contient quelque riffs étonnants, assez originaux, bien que le morceau dans l'ensemble ne le soit pas vraiment - désolé pour le paradoxe, mais c'est comme ça -. De légers arpèges ajoutent, ici et là, un bonus mélodique supplémentaire rafraîchissant au milieu de ces guitares ultra saturées utilisées façon rouleau compresseur ou en fil rouge mélodique - façon Dan Swanö donc. La production, bien qu'excellente, est volontairement plus "roots" et moins léchée que ce dont EDGE OF SANITY nous avait habitué depuis quelques albums, ce qui convient somme toutes très bien au contenu musical. La voix du petit nouveau, Robert Karlsson, est très bonne - les bougres n'ont même pas fait l'effort d'engager un nouveau chanteur dont le timbre en voix Death est éloigné de celui de Swanö -, mais celui ci se cantonne aux grognements Death, très dynamiques et bien exécutés. Force est de constater que le groupe se débrouille très bien sans Dan, mais les compositions, "Hell Written" mis à part, ne possèdent pas le génie que l'ancien chanteur arrivait à leur insuffler. Pour préciser, les morceaux sont bons, mais rien ne transcende. "Crytpic" est un album qui s'écoute facilement, mais ne rien y chercher de profond.

Huggy : 80% (Avril 2002)