Edge Of Sanity - "The Spectral Sorrow"
Sweden - 1993 - Black Mark Productions - 54'02
1. The Spectral Sorrow
2. Dark Day
3. Livin' Hell
4. Lost
5. The Masque
6. Blood Of My Enemies
7. Jesus Cries
8. Across The Fields Of Forever
9. On The Other Side
10. Sacrificed
11. Waiting To Die
12. Feedin' The Charlatan
13. A Serenade For The Dead

Line-up :
Dan Swanö : vocals & keyboards
Andreas Axelsson : guitars
Sami Nerberg : guitars
Anders Lindberg : bass
Benny Larsson : drums

Décidément très prolifiques, les jeunes gens de EDGE OF SANITY sortent cette année là - 1993 - leur troisième album malgré un début de carrière relativement récent. La moyenne d'âge ne dépasse pas les 21 ou 22 ans et pourtant ce nouvel opus est important à plus d'un titre. D'abord parce qu'il marque l'accès du groupe à la maturité, ensuite parce qu'il est bien meilleur que les deux précédents, et enfin parce que le groupe, qui se cherchait encore sur "Nothing But Death Remains" et "Unorthodox", a enfin trouvé sa voie : celle de la diversité. Qu'il ait trouvé sa voie et sa vraie personnalité c'est sans doute un peu tôt pour le dire en 1993 lorsque le disque déboule dans les bacs, mais toujours est-il qu'on trouve sur "The Spectral Sorrow" les éléments qui vont sur cet album, et surtout sur les deux suivants, permettre à EDGE OF SANITY d'atteindre le statut de valeur sure puis de groupe majeur dans une scène Death Metal commençant à sérieusement être étouffée par des productions de moins en moins bonnes. Le Death Metal typique de l'école suédoise du début des années 90 n'est plus qu'une base de travail désormais pour EDGE OF SANITY. Attention, "The Spectral Sorrow" est un vrai album de Death, mais les variations à l'intérieur des morceaux et entre les morceaux sont toutes issues de courants musicaux différents, décalées même, pour l'époque. Les passages lents et mélodiques sont beaucoup plus présents, plus accrocheurs et faciles à assimiler - plus "commerciaux" diraient certains -, et l'ensemble des compositions donne un avant-goût de l'évolution future du groupe, s'éloignant des sentiers purement Death. Après une introduction très sombre ("The Spectral Sorrow"), débarque "Living Hell" et ses riffs endiablés harmonisés, créant avant AT THE GATES, IN FLAMES et DARK TRANQUILLITY ce qu'on appellera plus tard le MeloDeath ou Death Mélodique. Puis lui succèdent, entre autre, des morceaux à influences gothiques et Metal Atmosphérique - genre peu développé à l'époque - ("Lost") ou même complètement gothique 80's mais ultra puissants grâce à un son extrême ("Sacrificed", lorgnant du côté des SISTERS OF MERCY, entièrement chantée en clair, nous révélant ainsi la palette de voix que Swanö est capable d'utiliser). Mais le Death de "The Spectral Sorrow", épique et très mélodique, sait aussi se faire rapide, agressif, technique même ("The Masque"). Le groupe s'offre même le luxe de terminer son album avec un morceau quasiment hardcore, "Feedin' The Charlatan", chantée - ou plutôt hurlée - par le guitariste Andreas "Dread" Axelsson suivi d'un morceau… Electro Death ! ("A Serenade For The Dead"). La reprise de MANOWAR ("Blood Of My Enemies"), adaptée pour l'occasion au chant clair de Dan Swanö, profond et sachant se faire agressif, ne vaut que pour l'interprétation géniale de ce dernier sur ce titre, la partie musicale n'étant pas transcendante car n'apportant rien de plus - si ce n'est un gros son - à l'originale. Quant aux quelques bruitages qu'on peut trouver ici et là au cours du disque - à l'instar des deux précédents albums -, sans doute placés pour effrayer les grands-mères (on peut entendre un homme hurler sur fond de bruits de marteau en train de clouer sur "Jesus Cries", des bruits de liquide sur "In Blood We Drown"), font plutôt sourire qu'autre chose. Enfin, il faut malheureusement absolument préciser que cet album comporte un défaut majeur qui peut repousser plus d'un candidat à l'acquisition de ce pourtant excellent album : le son de la caisse claire. Quelle horreur !! Dire que cet ignoble bruit de percussion ressemble, en moins bien, au bruit d'un bâton de sucette frappé au cul d'une casserole trouée serait déjà lui faire une bien belle éloge. Les auditeurs habitués au méga-productions d'aujourd'hui auront sans doute du mal à faire abstraction de cette ignominie, les autres sauront peut être indulgent. J'en fait partie. Mais même avec de la bonne volonté, il gâche le plaisir d'écoute qu'offre l'album.

Huggy : 85% (Avril 2002)



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