Line-up :
Dan Swanö : vocals & keyboards
Andreas Axelsson : guitars
Sami Nerberg : guitars
Anders Lindberg : bass
Benny Larsson : drums

A peine un an après leur premier album "Nothing But Death Remains" - au titre prophétique, qu'ils auraient même pu appeler "Nothing Remains" tellement l'intérêt de l'album était limité - les petits jeunots suédois de EDGE OF SANITY emmenés par Dan Swanö remettent le couvert. Mais cette fois, le pic-nic avec couverts en plastique s'est transformé en repas familial avec assiettes en porcelaine et verres en cristal ! En l'espace de 12 mois les musiciens ont pris de la graine, Dan en particulier, devenu un compositeur et un chanteur hors pair. Après une intro bizarroïde trop courte pour avoir une quelconque utilité, EDGE OF SANITY invente tout simplement la notion de "tube" , de "hit" où je ne sais quoi d'autre dans le cadre du Death Metal avec le morceau d'ouverture "Enigma", long de plus de 7 minutes. Intro au violon, vocaux clairs parfaits, multiples rebondissements, alternances de passages brutaux et d'autres ultra mélodiques - rappelant ce que DARK TRANQUILLITY, AT THE GATES et CEMETERY feront bien plus tard - ce morceau se suffit à lui-même pour prouver que EDGE OF SANITY est sacrement en avance sur son temps sur "Unorthodox". Le reste de l'album n'est pas du même niveau malheureusement, mais pas inintéressant. On retrouve toujours cette influence ENTOMBED au cours du disque, parfois presque trop évidente pour ne pas penser au plagiat, mais le plus souvent en pointillés. L'après "Enigma" oscille entre Death Metal typique de l'école suédoise du début des années 90 et hybride entre Metal Mélodique et Death. Et c'est là que EDGE OF SANITY se hisse à son meilleur niveau. On regrette même que tout l'album ne soit pas dans la veine de "Enigma" ou "In The Veins/Darker Than Black". Mais plus encore, on déplore que Dan Swanö n'aie utilisé son chant clair déjà parfait que sur "Enigma" et non pas sur la totalité de l'album. Sans doute le groupe avait-il peur d'être taxé de vendu parce que trop de mélodie dans du Death risquait de lui attirer les foudres du public le moins ouvert ? Toujours est-il que même sur les morceaux purement Death, EDGE OF SANITY fait avancer les choses sur "Unorthodox". Les riffs à mi-chemin entre mélodie et coup de massue sont bien présents, les blasts-beats - notion n'existant pas à l'époque - font leur apparition, certes très rarement, mais en 1992 pas grand monde ne l'avait fait ("Everlasting", "After The Afterlife"), utilisation sporadique de claviers pour créer des ambiances angoissantes, et alternance de parties rapides et foudroyantes avec des passages lourds et rampants. Le groupe essaie même de nous effrayer avec l'intro de "Nocturnal", sample d'une porte s'ouvrant en grinçant additionnée à des bruits étranges, nous faisant imaginer le débarquement imminent de Grands Anciens dans notre douillet salon. On trouve aussi un court morceau acoustique, "Requiscon By Pace", - blasphème pour un album de Death que seul MORBID ANGEL avait osé commettre un an plus tôt sur "Blessed Are The Sick".
L'album est long - presque une heure - ce qui, malheureusement le dessert, puisqu'une certaine lassitude finit par s'installer. Les morceaux sont bien sûr plus variés et plus mûr que sur l'album précédent, mais la recette doit encore être améliorée pour tenir l'auditeur en haleine pendant une durée aussi longue. Plus d'une décennie après sa sortie, l'album fait figure d'ancêtre face au Death d'aujourd'hui, mais sa valeur historique et son involontaire audace pour l'époque en font un disque à ranger dans la pile de ceux qui ont forgé le Death Metal.

Huggy : 70% (Avril 2002)