In The Woods
- "Strange In Stereo"
Norway - 1999 - Misanthropy Records - 63'09 |
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1.
Closing In - 5'41
2. Cell - 4'33 3. Vanish In The Absence Of Virtue - 4'16 4. Basement Corridors - 5'18 5. Ion - 5'39 6. Generally More Worried than Married - 8'52 7. Path Of The Righteous - 6'55 8. Dead Man's Creek - 7'43 9. Titan Transcendence - 5'40 10. Shelter - 0'36 11. By The Banks Of Pandemonium - 7'56 |
Line-up
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Paru dans une étrange indifférence générale peu avant que le label Misanthropy mette la clé sous la porte, "Strange In Stereo" restera probablement l'album le plus incompris d'un groupe incompris. Moi-même j'admets ne pas avoir à l'époque complètement digéré le pas de côté effectué par IN THE WOODS par rapport au moloch "Omnio", ce qui se ressent aujourd'hui encore sur le degré d'estime que je porte à cet album, respectueux forcément, convaincu "seulement" en grande partie. Là où "Omnio" était une quête de réponses introspectives, "Strange In Stereo" n'en finit plus de poser des questions, agissant de la sorte comme un cruel facteur de dissolution de l'uvre accomplie jusque là à la force du corps et de l'esprit. Niveau son, la bande aux Botteri a considérablement épaissi la sauce et densifié les guitares Metal qui, en lieu et place de leur dérive solitaire et empreinte de désarroi touchant, produisent un effet compact à base de riffs dégagés, de solos à méandres et parfois de rythmiques appuyées et martelées auxquelles le groupe ne nous avait pas habitués. En contrepoint l'espace accordé aux expérimentations psychédéliques a largement doublé et on se retrouve avec une foison d'idées parallèles (guitares et synthés spatiaux, effets variés) jetées en travers de la toile comme autant de couleurs sournoises troublant la compréhension de l'ensemble. L'on s'éloigne ainsi de l'univers froid mais encore organique d'"Omnio" pour peut-être reprendre le fil de la transformation avant-gardiste anticipée à la suite de "HEart Of The Ages". L'ossature des morceaux elle-même est bien plus volontaire (cf. le presque Death Metal "Path Of The Righteous"), les vocaux tant féminins que masculins moins évanescents, plus stentoriens et outranciers, et ce que le groupe va de fait perdre en abstraction fascinatrice et en mystère, il le gagne en dynamisme - faisant de "Strange In Stereo" un puissant manifeste équilibrant les parties Metal qui se jettent directement (le croit-on tout au moins) au cur des choses avec les phases plus vagues revêtant le manteau toujours apprécié (même si pas toujours très bien assimilé) de la garantie intellectuelle. Incidemment nous tenons là un disque qui, pas si paradoxalement que ça, trouvera sa meilleure acceptation parmi ceux qui découvriront IN THE WOODS avec lui après avoir été baignés de la "nouvelle vague" d'un Metal qui ose briser les conservatismes et enfin sidérer (merci ARCTURUS !). Le panachage sera au contraire déconcertant pour les fans d'origine, mais qui attend d'un groupe comme IN THE WOODS une discographie aussi dépourvue de virages et par la-même aussi ennuyeuse qu'une autoroute à huit voies en plein désert arizonien ? Cumulant les détours et les freinages intempestifs, Débordant de savoir-faire et de recherche, collectionnant des parties exploratrices dont personne ne pourrait jurer qu'elles colleraient aussi bien ensemble si prises à part, "Strange In Stereo" sonne comme une épitaphe avant l'heure (et pourtant ), tant on s'imagine que la conception a du en être mouvementée et que la naissance a du s'apparenter à une césarienne. La question "dans quelle direction IN THE WOODS vont-t-ils évoluer après avoir casé dans une heure de musique à peu près tout ce qu'on peut attendre d'un groupe aussi avant-gardiste qu'esthète, aussi violemment sensitif que touche-à-tout ?" brûle encore aujourd'hui et ne s'éteindra que lorsque tout souvenir de cette miraculeuse histoire musicale se sera enfuie dans une aurore boréale au-dessus de Kristiansand "Strange In Stereo" est avant tout le témoin d'une orientation trop vite avortée vers le règne du synthétique moral et de ce que je veux bien appeler un "futurisme passéiste", ou la perpétuation d'un héritage spirituel séculaire à travers un dehors sciemment imbriqué dans la plastique prémonitoire de murs post-modernes. Un disque qui pose doucement sa griffe au fil des écoutes et n'en finit plus de la serrer, jusqu'à ce que la moindre réticence initiale appartienne au domaine de l'oubli. En tout état de cause, et malgré le fait que je continuerai pour des raisons toutes personnelles à lui préférer de beaucoup "Omnio", "Strange In Stereo" constitue l'une des aventures musicales les plus éprouvantes que l'on peut espérer vivre, et rien que pour cela mérite amplement le sacrifice de quelques neurones. Uriel : 90% (Juin 2002) |