In The Woods… - "Three Times Seven On A Pilgrimage"
Norway - 2000 - Prophecy Productions - 64'48
1. Seed Of Sound - 1'31
2. Karmakosmik - 8'13
3. Epitaph - 9'14
4. Empty Room - 11'34
5. Let There Be More Light - 6'31
6. Child Of Universal Tongue - 8'03
7. Soundtrax For Cycoz - 1st. Ed. - 4'25
8. White Rabbit - 3'33
9. Mourning The Death Of Aase - 5'34
10. If It's In You - 6'10

Line-up (divers avec par ordre d'apparition chronologique) :
C.M. Botteri : bass & keyboard
B. Berserk : guitars
Oddvar A:M : guitars
A. Kobro : drums
Jan Transit : vocals
Synne Soprana : vocals
X. Botteri : guitars & keyboards
Christer Cedermountain : guitars

Après la disparition de Misanthropy Records, l'un des labels à la fois les plus côtés et les plus controversés de la scène underground (on ne signe pas BURZUM sans provoquer certains retours de flammes plus ou moins violents), nos amis d'IN THE WOODS… se sont retrouvés sur le marché. Dès lors, comment pouvait-il en aller autrement d'une signature chez Prophecy, le label allemand ayant depuis toujours fait sa profession d'artistes gavés de talent et correspondant à un profil mettant en avant une certaine notion de pureté esthétique et d'originalité authentique et naturelle. Mais ce que Martin Koller et le comité réduit de Prophecy ignoraient peut-être alors, c'est que les Norvégiens étaient déjà parvenus au terme de leur périple créatif. Quelques temps après ce changement d'air, la décision des frères Botteri de cesser (provisoirement ?) toute activité au sein d'un groupe était rendue publique. Fin décembre de l'année 2000, IN THE WOODS… était officiellement dissout à l'issue d'un mythique concert d'adieu de près de trois heures à Kristiansand au cours duquel l'ensemble des morceaux de leur discographie fut jouée devant un parterre de fans déchirés entre transe et tristesse. Il est dit que Prophecy travaille en ce moment même à éditer vidéo, DVD et double CD de ce concert, mais en attendant cette hypothétique pierre angulaire de l'histoire du Metal, l'ultime offrande que constitue "Three Times Seven On A Pilgrimage" est là pour nous sortir les molaires de la piscine. Et quel dessert, mes amis ! Le disque regroupe les trois 7"EP que le groupe a sortis au long de sa carrière (d'où le titre) pour plus d'une heure de passion puissance P. On y retrouve le côté le plus soft d'IN THE WOODS…, avec par moments une petite infidélité expérimentale (cf. "Soundtrax For Cycoz - 1st. Ed.", qui pourrait venir en appoint d'un cauchemar signé Abel Ferrara ou David Lynch). En tout cas les morceaux condensent beaucoup de feeling et s'inscrivent pour la majorité dans un esprit "Omnio" en plus décontracté. Certains (en particulier "Karmakosmik" et "Child Of Universal Tongue") ont l'étoffe de locomotives d'album, une raison pour laquelle "Three Times Seven On A Pilgrimage" en est d'ailleurs souvent considéré comme un. Le travail vocal y est à son apogée, et l'on y sent un certain détachement souverain annonciateur d'un acte final - la façon claire et coulante dont le chanteur fait écho à sa partenaire Synne Soprana sur "Karmakosmik" par exemple est proprement bluffante. A peine plus loin dans "Empty Room" cette dernière sait se faire mystique et haletante pour surligner le tour temporairement angoissant d'une musique avalée par ses saturations étouffées. "Mourning The Death Of Aase", repris de "HEart Of The Ages" en guise de pénultième plage, ici dans une version toute fraîche, ouvre toutes grandes les portes bardées d'étoiles lointaines de la stratosphère. Synne s'y adonne à une performance tellement ardente et extravagante qu'on se demande si ses petits camarades ne lui avaient pas apporté ce jour là au studio un beau vibromasseur tout neuf, en tout cas cela ne fait que consolider l'atmosphère passionnée et hors d'atteinte qui habite cette pièce. Enfin il ne faut pas omettre de signaler que quatre titres sont des reprises, disséminées ici et là comme autant d'hommages appuyés aux artistes qui ont avivé et entretenu le feu de la forge IN THE WOODS… toutes ces années durant. Ne connaissant pas les originaux (hormis " Let There Be More Light " des PINK FLOYD), je ne suis pas en mesure de juger de la fidélité de ces versions. Je pense juste qu'elles collent comme un gant à l'esprit de ces enregistrements d'une autre planète, ce qui n'étonne pas lorsque l'on se penche sur l'identité des artistes en question : PINK FLOYD, SYD BARRET, King Crimson, Jefferson Airplane, la crème de l'Atmo-Rock quoi, comme si IN THE WOODS… allaient interpréter du MANOWAR ! A noter que le King Crimson ("Epitaph"), tout en slides et en distorsions de velours, pourrait tout aussi bien être un morceau d'IN THE WOODS… et je le prenais d'ailleurs pour tel jusqu'à ce que je découvre sa provenance. En résumé une œuvre qui, malgré son éclectisme apparent et son déséquilibre temporel, dégage une unité à peine perturbée par quelques pics hallucinogènes et surtout cadre à merveille avec la norme artistique à laquelle IN THE WOODS… se sont toujours obligés : évoluer hors du temps et à l'abri des courants. En cela ils sont déjà assurés de se conserver mieux que le mausolée de Lénine. Qui veut passer à côté que je lui tire l'oreille ?

Uriel : 99% (Juin 2002)



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