Love Is Colder Than Death - "Atopos"
Germany - 1999 - Chrom Records - 44'18
1. Nostalgia - 3'02
2. Horns And Horses - 2'44
3. Sun Ra - 5'06
4. To The Other Side - 2'42
5. Wings Of The Dawn - 2'31
6. De Iside Et Osiride - 1'42
7. Prima Nocte - 4'25
8. On Difference - 4'52
9. An Empty Ark - 2'34
10. Saaidi - 5'14
11. Yamuna - 6'29
12. From Sun To Sun - 2'40

Line up (the whole music) :
Manuela Budich
Ralf Jehnert
Sven Mertens
Maik Hartung
Ria Weicht
Katharina Legutke
Walther V. Châtillon
Heinrich Jochen
Katrin Heintschel

Enfin voici l'opportunité de tâter la substance musicale derrière un des noms de groupe les plus excitants qui soient !
Je ne sais pas ce que j'espérais exactement en me saisissant de ce CD, même si une poignée de chroniques positives m'avaient convaincu que je ne devrais perdre ni mon temps ni mon argent avec cet ensemble de Leipzig. Il est vraisemblable que dans leurs jeunes années, LOVE IS COLDER THAN DEATH aient été en phase avec les puissants standards de la scène Gothic de leur pays, mais ils ont apparemment brisé ce carcan et pavé leur propre chemin depuis, atteignant sur "Atopos" une synthèse édifiante de musique médiévale et de couleurs ethniques qui n'a pas à se coucher devant le DEAD CAN DANCE époque "Spiritchaser".
Les nombreux vocalistes, masculins comme féminins, se partagent activement la navigation des chansons, matérialisant leur maîtrise à travers de ravissantes combinaisons entre lignes majeures et litanies en backing vocals - soit chant masculin devant chœurs féminins, soit le contraire - vraisemblablement directement inspirées du plain-chant médiéval (voir ces splendides chœurs sur le morceau "Nostalgia", tout simplement gravés dans la pierre noire des cathédrales). La façon dont les vocaux sont soignés et talentueux serait presque une leçon pour Lisa Gerrard et Brendan Perry... Ceci dit, étant donné que le côté ethnique est assez dominant sur "Atopos", les moments de forte émotion et de gravité "européenne" sont plus rares que chez DEAD CAN DANCE. Seuls "Nostalgia" et la triste sonate "Prima Nocte" peuvent aspirer à susciter quelques larmes gothiques, "Prima Nocte" avec sa mélodie à la mandoline, répétitive mais très belle, soutenue par des prières éthérées. La chanson se termine sur un riff de synthé crescendo qui gagne en intensité tandis que le reste des instruments se fond dans le silence, substituant ainsi un rayon d'espoir à la solennité du morceau. Espoir confirmé avec le radieux hymne tribal "On Difference", qui me ramène en esprit dans les passages arabisants du soundtrack de "Gladiator", au moment où les esclaves traversent le désert vers Rome.
Ce feeling oriental repointe le bout de son nez sur "Saaidi", que je pourrais très bien m'imaginer joué dans un sérail, tout en contemplant les contorsions sensuelles des femmes rendues sylphiques par les étoffes de soie et les vapeurs des bains bouillonnants. Certains puristes vont peut-être se plaindre que le mariage entre ces rythmes orientaux et les parties strictement médiévales est prononcé au détriment de la cohérence historique. Il est vrai que cet album est à l'intersection de plusieurs cultures et qu'il faudra investir des trésors d'attention pour faire le tri. Mais alors je pose la question : est-ce nécessairement une mauvaise chose ? Ce que je veux dire, c'est que LOVE IS COLDER THAN DEATH pourraient fort bien sortir un album médiéval suivi d'un album oriental suivi d'un album Renaissance suivi d'un album tribal suivi d'un album Gothic, et ainsi de suite… Cela traduirait une inconséquence bien plus vaste que ce medley polyédrique réfléchissant la vitalité des ressources musicales de la planète. Une grande leçon de lyrisme de plusieurs perspectives, qu'on ne se lasse pas de parcourir pour sa beauté dénuée de prétention.
Peut-être "Atopos" contient-il dans ses arabesques flamboyantes de sons et de couleurs la définition universelle de l'amour… Si c'est le cas, laissez-moi vous dire qu'il n'est absolument pas plus froid que la mort. Il est torride comme le soleil au-dessus du désert, il fourmille de spiritualité comme les émanations de la vie. Parfois on a simplement besoin de ressentir cette communion, peu importe en quelles circonstances…

Uriel : 85% (Avril 2003)



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