Line up
(the whole music) :
Manuela Budich
Ralf Jehnert
Sven Mertens
Maik Hartung
Ria Weicht
Katharina Legutke
Walther V. Châtillon
Heinrich Jochen
Katrin Heintschel
|
Enfin
voici l'opportunité de tâter la substance musicale derrière
un des noms de groupe les plus excitants qui soient !
Je ne sais pas ce que j'espérais exactement en me saisissant
de ce CD, même si une poignée de chroniques positives m'avaient
convaincu que je ne devrais perdre ni mon temps ni mon argent avec cet
ensemble de Leipzig. Il est vraisemblable que dans leurs jeunes années,
LOVE IS COLDER THAN DEATH aient été en phase avec les
puissants standards de la scène Gothic de leur pays, mais ils
ont apparemment brisé ce carcan et pavé leur propre chemin
depuis, atteignant sur "Atopos" une synthèse édifiante
de musique médiévale et de couleurs ethniques qui n'a
pas à se coucher devant le DEAD CAN DANCE époque "Spiritchaser".
Les nombreux vocalistes, masculins comme féminins, se partagent
activement la navigation des chansons, matérialisant leur maîtrise
à travers de ravissantes combinaisons entre lignes majeures et
litanies en backing vocals - soit chant masculin devant churs
féminins, soit le contraire - vraisemblablement directement inspirées
du plain-chant médiéval (voir ces splendides churs
sur le morceau "Nostalgia", tout simplement gravés
dans la pierre noire des cathédrales). La façon dont les
vocaux sont soignés et talentueux serait presque une leçon
pour Lisa Gerrard et Brendan Perry... Ceci dit, étant donné
que le côté ethnique est assez dominant sur "Atopos",
les moments de forte émotion et de gravité "européenne"
sont plus rares que chez DEAD CAN DANCE. Seuls "Nostalgia"
et la triste sonate "Prima Nocte" peuvent aspirer à
susciter quelques larmes gothiques, "Prima Nocte" avec sa
mélodie à la mandoline, répétitive mais
très belle, soutenue par des prières éthérées.
La chanson se termine sur un riff de synthé crescendo qui gagne
en intensité tandis que le reste des instruments se fond dans
le silence, substituant ainsi un rayon d'espoir à la solennité
du morceau. Espoir confirmé avec le radieux hymne tribal "On
Difference", qui me ramène en esprit dans les passages arabisants
du soundtrack de "Gladiator", au moment où les esclaves
traversent le désert vers Rome.
Ce feeling oriental repointe le bout de son nez sur "Saaidi",
que je pourrais très bien m'imaginer joué dans un sérail,
tout en contemplant les contorsions sensuelles des femmes rendues sylphiques
par les étoffes de soie et les vapeurs des bains bouillonnants.
Certains puristes vont peut-être se plaindre que le mariage entre
ces rythmes orientaux et les parties strictement médiévales
est prononcé au détriment de la cohérence historique.
Il est vrai que cet album est à l'intersection de plusieurs cultures
et qu'il faudra investir des trésors d'attention pour faire le
tri. Mais alors je pose la question : est-ce nécessairement une
mauvaise chose ? Ce que je veux dire, c'est que LOVE IS COLDER THAN
DEATH pourraient fort bien sortir un album médiéval suivi
d'un album oriental suivi d'un album Renaissance suivi d'un album tribal
suivi d'un album Gothic, et ainsi de suite
Cela traduirait une
inconséquence bien plus vaste que ce medley polyédrique
réfléchissant la vitalité des ressources musicales
de la planète. Une grande leçon de lyrisme de plusieurs
perspectives, qu'on ne se lasse pas de parcourir pour sa beauté
dénuée de prétention.
Peut-être "Atopos" contient-il dans ses arabesques flamboyantes
de sons et de couleurs la définition universelle de l'amour
Si c'est le cas, laissez-moi vous dire qu'il n'est absolument pas plus
froid que la mort. Il est torride comme le soleil au-dessus du désert,
il fourmille de spiritualité comme les émanations de la
vie. Parfois on a simplement besoin de ressentir cette communion, peu
importe en quelles circonstances
Uriel
: 85% (Avril 2003)
|