My Dying Bride - "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium"
UK - 1991 - Peaceville Records - 20'14

1. Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium - 11'39
2. God Is Alone - 4'51
3. De Sade Soliloquay - 3'42

Line-up :
Aaron Stainthorpe : vocals
Andrew Craighan : guitars
Calvin Robertshaw : guitars
Ade Jackson : bass
Rick Miah : drums
Martin Powell : violin

Originaire d'Angleterre au même titre que deux autres groupes qui ont développé eux aussi le Doom au point d'en faire le style le plus dépressif - et souvent le plus avant-gardiste - qui soit, j'ai nommé ANATHEMA et PARADISE LOST, MY DYING BRIDE est une des rares formations ayant conservé une ligne de conduite similaire depuis ses débuts sans jamais se répéter ou se tromper dans son orientation. Un seul mot d'ordre : du Doom, encore du Doom et toujours du Doom. Et c'est avec brio que le combo de Aaron Stainthorpe a donné à ce style si particulier un statut autre que purement underground, permettant à des milliers d'auditeurs de se familiariser avec une musique tellement peu médiatisée que connaître quelques noms de groupes relève déjà de l'immense gageure. C'est donc en 1990 que Aaron Stainthorpe, Ade Jackson, Andrew Craighan, Calvin Robertshaw et Rick Miah se rassemblent au sein de l'entité MY DYING BRIDE, formation suivie de peu par l'enregistrement d'une démo devenue culte : "Towards The Sinister". La démo permet au jeune combo de réaliser un 7'' "God Is Alone" au sein de Listenable (écurie française !), ce dernier atterrissant chez Peaceville Records, le label devenant dès lors la maison mère que MY DYING BRIDE ne quittera jamais tout au long de sa carrière. Rejoints par Ade Jackson au poste de bassiste et secondé en studio par Martin Powell au violon - ce dernier rejoignant le groupe de manière permanente peu après -, les Anglais gravent dans l'éternité leur premier EP et premier pilier de leur discographie, j'ai nommé le maxi "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium". Il est délicat de se rendre compte à quel point ce disque est important pour le Doom car il intègre la lenteur, la mise en musique de l'obscurité et la mélancolie des pionniers du Doom que sont CANDLEMASS par exemple ou BLACK SABBATH - pionniers de tous les styles d'ailleurs - aux atmosphères lugubres et oppressantes du Death Metal, voir même des précurseurs du Black Metal que sont CELTIC FROST et BATHORY. C'est d'ailleurs par ce style, joué de manière très personnelle, que MY DYING BRIDE a commencé. On peut d'ailleurs considérer "God Is Alone" comme un morceau de Death Metal, bien que la profondeur et la noirceur de la touche MY DYING BRIDE est bien présente. "De Sade Soliloquay", et son alternance de ralentissement extrême et d'accélérations aussi brutales qu'imprévues est plutôt représentative de la liberté artistique totale d'un groupe se moquant sans vergogne des conventions. Ces deux titres sont de toute façon assez anecdotiques face au petit chef d'œuvre présent sur l'enregistrement, à savoir le morceau-fleuve donnant son titre au maxi, "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium". Presque 12 minutes de Doom extrêmement malsain, beau et laid à la fois, puissant et fragile, riche et efficace, parsemé de breaks judicieux, de mélodies glauques, de riffs terrassants et écrasants de lourdeurs, et d'une accélération finale des plus opportunes. C'est sur ce petit bijou que Martin Powell tire des larmes de son violon pour la première fois. Ce violon déchirant, fascinant, morbide qui constituera une particularité importante de la première période créative de MY DYING BRIDE. "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium" est le parfait apéritif que la bande à Stainthorpe pouvait offrir pour prouver sa viabilité artistique avant de passer aux choses sérieuses du premier album. Aujourd'hui ce maxi est un excellent témoignage des débuts du géniteur de quelques pierres angulaires d'un style en mal de reconnaissance.

Huggy : 90% (Juillet 2002)



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