Line-up :
Aaron Stainthorpe : vocals
Andrew Craighan : guitars
Calvin Robertshaw : guitars
Ade Jackson : bass
Rick Miah : drums
Martin Powell : violin & keyboards

Ayant fait face à divers problèmes dont le plus important est l'annulation d'une tournée européenne suite à un accident de l'excellent batteur Rick Miah, MY DYING BRIDE revient et s'apprête à taper un grand coup de poing sur la table et remettre les choses à leurs places dans le monde du Doom mais aussi, plus étonnant, dans celui du Metal Atmosphérique. Alors que les MOONSPELL, les PARADISE LOST, les ANATHEMA, les TIAMAT ou autres groupes ont mis de l'eau dans leur vin et rendu leur musique plus accessible et plus systématiquement mélodique, MY DYING BRIDE décide lui aussi de faire un pas en avant et de proposer de nouvelles compositions plus faciles d'accès et plus ciblées sur les mélodies mélancoliques, sans pour autant laisser son style de prédilection, le Doom, derrière lui. Le résultat est à la hauteur du talent du groupe ! "The Angel And The Dark River" propose un mixage tout à fait excellent du Doom typique de MY DYING BRIDE avec des idées tout à fait géniales (les guitares énormes, écrasantes de "From Darkest Skies", la lenteur épique de "A Sea To Suffer In", le tapping joué pendant l'intégralité de "The Cry Of Mankind"…) et un Metal Atmosphérique d'une sombre beauté. Aaron n'utilise plus du tout de voix Death et améliore son timbre, toujours plus plaintif. Le son s'est largement adoucit grâce à une production parfaite que n'aurait pas renié un groupe de Metal Atmosphérique typique. Les parties de violon de Martin Powell sont meilleures que jamais et, autre nouveauté, ses parties de claviers sont plus développées que par le passé. Pianos, orgues, nappes de synthés, la diversité est de mise. Les guitares ne cherchent plus systématiquement à tout écraser mais savent aussi se décrocher du sol pour transporter l'auditeur dans des cieux mélodiques tout à fait jouissifs ("The Cry Of Mankind", "A Sea To Suffer In"). Sur des tempos toujours aussi Doomy - quoique pas trop lent -, MY DYING BRIDE traduit en musique le mal-être, le Taedium Vitea de Oscar Wilde tandis que Aaron Stainthorpe égraine ses textes, souvent métaphoriques sur la sexualité. Monument de noirceur, de repli sur soi, longue complainte sans issue, la musique de "The Angel And The Dark River" est le sentiment de la déchéance morale sous forme de notes. "The Cry Of Mankind" est sans aucun doute la plus belle pièce de cette œuvre. Emmené par une mélodie de guitare en tapping jouée inlassablement pendant la douzaine de minutes que dure le morceau, voici un titre épique, tout simplement beau et déprimé qui frise avec ce que la musique peut proposer de mieux. Quelques envols rythmés se produisent ici et là (les parties rapides de "Your Shameful Heaven" sont les plus marquantes) mais c'est le plus souvent sur les chemins empruntés au Doom que "The Angel And The Dark River" se développe, tissé avec des mélodies facilement mémorables et surtout extrêmement touchantes. En ce sens, l'album réussi à insuffler une nouvelle dimension a la musique du groupe - devenu "classique" - et devient un modèle du genre, un pilier du style - que dis-je, un monolithe noir - et, par-dessus tout, un album d'exception qui place, en 1995, MY DYING BRIDE au sommet de son art. A noter que suite au succès mérité de l'album auprès du public, 2 nouvelles éditions ont vu le jour. Une la même année que la sortie du disque, un digipack greffé d'un titre bonus ("The Sexuality Of Bereavement", que l'on retrouvera sur la compilation "Trinity" un an plus tard), et une en 1996 dans une version double comprenant un CD live - un trésor pour les fans hardcore, un live un peu fade et au mauvais son pour les autres.

Huggy : 99% (Juillet 2002)