My Dying Bride - "The Light At The End Of The World"
UK - 1999 - Peaceville Records - 71'11

1. She Is The Dark - 8'27
2. Edenbeast - 11'26
3. The Night He Died - 6'29
4. The Light At The End Of The World - 10'45
5. The Fever Sea - 4'13
6. Into The Lake Of Ghosts - 7'11
7. The Isis Script - 7'11
8. Christliar - 10'33
9. Sear Me III - 5'27

Line-up :
Aaron Stainthorpe : vocals
Andrew Craighan : guitars
Ade Jackson : bass
Shaun Steels : drums
Johnny Maudlin : keyboards (sessions)

Un an à peine après le surprenant "34.788% Complete", MY DYING BRIDE revient sur le devant de la scène sans même avoir fait la promotion de son album précédent sur scène, problèmes de line-up oblige. C'est en effet au tour de Calvin Robertshaw de quitter le groupe. La raison officielle n'est pas claire mais lorsque l'on écoute ce "The Light At The End Of The World" la réponse est limpide. Le style pratiqué sur son prédécesseur étant tellement différent de celui-ci, plus proche des racines du groupe, qu'il est aisé de comprendre que les aspirations artistiques de Calvin sont sensiblement différentes de celles de ses coéquipiers, plus désireux de retrouver le son "familier" de MY DYING BRIDE. L'arrivée aux fûts de Shaun Steels (ex-ANATHEMA, ex-SOLSTICE) et l'aide non négligeable de Johnny Maudlin aux claviers, en permission de chez BAL-SAGOTH, ont par ailleurs certainement donné un coup de fouet aux envies sous-jacentes de Stainthorpe & co de repasser dans le camp du VRAI Doom. Et autant le groupe s'était éloigné avec réussite de son style de prédilection depuis quelques albums - tout en conservant ses ingrédients essentiels -, autant "The Light At The End Of The World" peut-être considéré comme une sorte de retour aux sources. Mais pas tout à fait non plus. Certes les voix Death sont de retours, certes de subites accélérations démarrent au quart de tour de temps à autres, certes la tonalité est plus systématiquement dépressive et glauque plutôt que mélancolique, et certes l'album se range plus volontiers auprès de ses premières productions qu'à côté des plus récentes, mais le groupe n'abandonne cependant pas le côté plus "lisse" et plus contenu de ses dernières productions. Le groupe lui-même décrit cet album comme le chaînon manquant entre "Turn Loose The Swans" - avec lequel il a le plus de points communs - et "The Angel And The Dark River". Ce n'est pas faux, bien au contraire. "The Light At The End Of The World" possède cette lenteur monolithe entrecoupée de sursauts de vies, la tristesse extrême, la glaciale noirceur et les tragiquement belles mélodies sombres de l'un, mais aussi la majesté, la grâce, le sens de l'arrangement, et le son ultra professionnel, parfaitement maîtrisé de l'autre. Comme pour chacun de ses albums, MY DYING BRIDE n'hésite jamais pour expérimenter et exploiter son naturel iconoclaste. Le prouvent ce "She Is The Dark" et son introduction très étrange, ce "Edenbeast" - formidable pièce à tiroirs - aux accents teinté d'Orient, ou encore ce "The Fever Sea" brutal et horrifique. Les morceaux sont dans l'ensemble longs ("Edenbeast", "The Light At The End Of The World" et "Christliar" dépassent les 10 minutes) et de structure complexe. La totale réussite de cet album - qu'on peut, en dehors de toute considération artistique, penser un poil malhonnête suite à la désillusion commerciale de "34.788% Complete" - vient du fait que malgré son retour en arrière, MY DYING BRIDE à toujours beaucoup à dire. Nulle part il ne se répète. Il applique une formule qui marche parce que c'est la sienne, il l'a crée et en maîtrise les arcanes. Le lien avec les premiers pas du groupe sont d'autant plus évidents que le morceau "Sear Me III" fait suite à la série des "Sear Me" dont les premiers volets se trouvaient respectivement sur "As The Flower Withers" - le premier album de MY DYING BRIDE, sorti en 1992 - et "Turn Loose The Swans", 1993. "The Light At The End Of The World" est au moment de sa sortie en 1999, l'objet d'une curiosité légitime. Ou veulent-ils en venir ? Pourquoi ce retour en arrière ? Auraient-ils retourné leur veste après l'échec du disque précédent ? Non. MY DYING BRIDE revient dans ses charentaises, mais ne s'assoit pas dans le même fauteuil et propose quelques-unes de ses meilleures compositions ("Edenbeast" et "The Isis Script" en tête). Et il aurait tout de même été dommage qu'un riff aussi génial et lourd comme une pyramide d'enclumes comme celui qui ouvre l'excellent "The Night He Died" - un régal, que dis-je, une jouissance pour les Doomeux - ne voit jamais le jour. A ce titre, ce long "The Light At The End Of The World" - près d'une heure dix tout de même - est en tous points à considérer comme une autre œuvre majeure du groupe, l'effet de surprise en moins.

Huggy : 95% (Juillet 2002)



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