Shape Of Despair - "Shades Of
"
Finland - 2000 - Spikefarms Records - 57'00 |
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1.
In The Mist
2. Woundheir 3. Shadowed Dreams 4. Down Into The Stream 5. Sylvan-Night |
Line-up
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Cachés derrière des initiales, c'est au cours de la dernière année du XXe siècle que déboule l'uvre de musiciens - ou plutôt d'un compositeur, J.S, secondé par des simples exécutants dont le batteur n'est autre que celui de FINNTROLL -, "Shades Of " sous l'élégant et on ne peut plus juste patronyme de SHAPE OF DESPAIR. Pour la petite histoire, le groupe, uvrant depuis 1997 sous le nom de RAVEN, décida de changer de nom suite à la sortie de sa première démo pour adopter, sur la seconde, "In The Mist", un nom plus adapté au style disons . extrême que le groupe pratique. Et quand j'emploie le mot extrême, ce n'est pas à la légère. Nous ne parlons pas ici de Black, de Death, de Grind ou je ne sais quel style dont la violence est basée sur l'agression immédiate, brutale, physique. Non, SHAPE OF DESPAIR fait bien pire. Il vous agresse l'âme. Grâce à une musique plutôt lente, rampante, glauque, désespérée, sans la moindre note porteuse d'espoir, à base d'accords de guitares répétitifs et hypnotiques, de chant Death très, mais alors très profond, de flûtes aériennes et dépressives et de vocalises féminines désincarnées, fantomatiques, SHAPE OF DESPAIR vous plonge dans une transe macabre et transmet à votre cerveau les émotions les plus négatives qui soient. Le tempo est le même sur l'intégralité des compositions et la recette est absolument similaire pendant la petite heure que dure ce "Shades Of ". Cette répétition et ce manque de variété n'est pourtant pas un handicap, bien au contraire. Premièrement parce qu'il ne s'agit pas d'un manque d'inspiration, mais d'un parti pris pour renforcer l'aspect hypnotique et perpétuel de la musique, planant et éthéré, et deuxièmement parce que la redondance du tempo et des riffs de guitares - tous similaires également - donne au disque une grande unité, faisant de celui ci une uvre indivisible de 5 très longs chapitres. L'écoute de l'album est un voyage dans des plaines désertiques et enneigées, où la moindre trace de vie et d'espoir est inexistante. Noyées dans la réverbération, les parties de chant et de flûte évoquent l'absence de mouvement dans ces paysages tragiquement vides et désolés. Autant dire que l'ambiance globale de l'album n'est pas à la joie de vivre. SHAPE OF DESPAIR n'utilise pas d'artifices, mais juste l'indispensable pour tisser son monde de solitude. Riffs redondants, batterie métronomique jouant le minimum syndical - avec une réverbération durant 3 plombes sur la caisse claire -, claviers profonds, sombres, tissant leur toile au fond du mix ou au premier plan selon le morceau. Mais à l'inverse de THERGOTHON, d'EVOKEN ou des premiers UNHOLY, le Funeral Doom de SHAPE OF DESPAIR ne joue pas sur la laideur, les dissonances ou l'extrême lenteur. Au contraire les terres arides du disque sont magnifiques, belles et magiques, envoûtantes, hypnotisantes, relaxantes même, et c'est là tout le paradoxe. "Shades Of " c'est un peu le chant des sirènes, on ne peut résister à sa magnificence tout en sachant pertinemment qu'il nous conduira à notre perte. Un disque unique à hisser au Panthéon des meilleurs albums de Doom existants, par le groupe qui va devenir, je n'en doute pas un instant, le numéro 1 du style s'il arrive à insuffler tant de génie noir dans ses uvres futures. Huggy : 99% (Avril 2002) |