Line-up :
Johan Edlund : vocals & guitars
Thomas Petersson : guitars
Johnny Hagel : bass
Niklas Ekstrand : drums
Kenneth Roos : keyboards

Décidément prolifiques et motivés, les musiciens de TIAMAT débarquent un an après leur "Astral Sleep" avec un nouvel album, "Clouds", toujours produit par Sorychta, enfonçant définitivement le clou de leur nouvelle orientation, raffermissant les bases de celle-ci et abandonnant presque totalement leur colère extrémiste, si ce n'est sur quelques passages qu'on peut compter sur les doigts d'une main. Niveau line-up, on pourra noter l'intégration du bassiste et compositeur Johnny Hagel, dont l'importance est primordiale dans l'évolution du groupe, surtout dans les albums futurs. Un clavieriste à temps complet est lui aussi engagé, bien que sa présence ne change rien à la donne puisqu'il ne fera déjà plus partie du groupe sur "Wildhoney", successeur de ce "Clouds". La performance de "Clouds" est simplement de reprendre les bases atmosphériques et plus gothiques de "The Astral Sleep", et d'y ajouter nombre de chœurs, non pas chantés, mais scandés un peu à la manière du Hardcore New Yorkais. Le résultat peu déplaire - personnellement j'adore -, mais force est d'admettre que l'originalité que confère cet élément à l'album est incontestable. D'un point de vue strictement musical, les compositions sont très simples et pas techniques pour un sous. TIAMAT a choisi la voie de l'ultra efficacité et a réussi son coup : chaque morceau est un petit tube en soit, emprunt de mysticisme et d'un brin de naïveté touchante, sauf peut-être le morceau titre, "Clouds", très faible mais ayant malgré tout sa place sur l'album. Toute la galette baigne dans une atmosphère éthérée et onirique, de soudaines et brusques accélérations relançant la machine de temps à autre, de manière un peu plus nuancée que par le passé (la fin de "In A Dream", "Smell Of Incense", …). Le chant de Edlund n'a pas beaucoup évolué et distille toujours des incantations fébriles qui n'ont pas encore définitivement choisi la voie des vocaux Death ou clairs. Je ne rappellerai jamais assez à quel point Thomas Petersson est un soliste de talent, gratifiant une fois encore le disque de solos mémorables, en particulier sur le morceau d'ouverture, "In A Dream". TIAMAT n'est cependant toujours pas assez mûr pour éviter l'écueil des compositions plus faibles ("Clouds", "Scapegoat", restant néanmoins de sympathiques chansons), et commet le blasphème de gâcher son titre le plus célèbre à ce jour - encore quasi systématiquement joué en rappel lors de ses concerts - "The Sleeping Beauty", un tube de Metal Atmosphérique génial, en lui greffant une courte partie rapide aussi nulle qu'inopportune. Outre ces détails, la personnalité unique du TIAMAT de l'époque et l'évidence de ses riffs simples mais vous trottants dans la tête sans discontinuer, longtemps après que le disque soit terminé, font de "Clouds" un disque unique et charmant, aucun groupe n'ayant jamais tenté de le détrôner, et TIAMAT ayant lui-même changé d'orientation sur son œuvre suivante. Son petit côté désuet face à ce qui se fait dans le style de nos jours et par rapport à l'orientation future de TIAMAT ne le rend pas forcément indispensable pour ceux qui ne connaissent pas la période "pré-Wildhoneyo, mais il est de loin le meilleur album de TIAMAT jusqu'alors et amène le style bâtard du groupe de l'époque à son apogée. Il a été le passage obligé d'un groupe éternellement insatisfait et à la recherche d'un son bien à lui, et à ce titre, il reste une pierre angulaire du Metal Atmosphérique.

Huggy : 90% (Mai 2002)