Tiamat - "Judas Christ"
Sweden - 2002 - Century Media - 61'19
---Spinae---
1. The Return Of The Son Of Nothing
2. So Much For Suicide
3. Vote For Love
4. The Truth´s For Sale
---Tropic Of Venus---
5. Fireflower
6. Sumer By Night
7. Love Is As Good As Soma
---Tropic Of Capricorn---
8. Angel Holograms
9. Spine
10. I Am In Love With Myself
---Casadores---
11. Heaven Of High
12. Too Far Gone
---The Hamburg Tapes (Bonus Tracks)---
13. Sixshooter
14. However You Look At It You Loose

Line-up :
Johan Edlund : vocals, guitars & keyboards
Thomas Petersson : guitars
Anders Iwers : bass, backing vocals, guitars & piano
Lars Sköld : drums, backing vocals & piano
Additional Musicians :
Trille : female vocals
Lars Nissen : keyboards & backing vocals
Out of phase : keyboards

Le successeur du décevant "Skeleton Skeletron" était attendu au tournant. Et pour preuve, la marche en arrière opérée sur cet album ayant été aussi mal accueillie que l'exploration des fonds abyssaux de l'Atmosphérique de "A Deeper Kind Of Slumber", il était légitime de se demander comment TIAMAT allait s'en sortir. Et bien c'est simple, le groupe reprend la formule de "Skeleton Skeltron" en la magnifiant, la sublimant parfois même serais-je tenté de dire, en la dopant aux ambiances et à la profondeur de ses œuvres passées. Mais attention, "Judas Christ" est plus proche de son prédécesseur que d'albums tels que "Wildhoney" et "A Deeper Kind Of Slumber", et n'est pas un disque dénué de défauts et d'indigeste. C'est donc toujours à du Rock Gothique qu'il faut s'attendre, et pas du tout à une avancée spectaculaire en terme de créativité, et moins encore à quoi que ce soit d'original. Seulement voilà, "Judas Christ" est dans l'ensemble un bon album de ce style, sachant fournir d'excellentes chansons, entraînantes, vibrantes, de refrains magnifiques et accrocheurs, et de morceaux variés, autant dans la forme que dans la qualité - qui est loin d'être présente à chaque coin de rue comme pourrait le faire croire le début de cette chronique. Justement, cette diversité a poussé la bande à Edlund - rejoint une fois encore par l'éternel Thomas Petersson - à diviser cet album cuvé 2002 en 4 parties, bien que les différences entre elles ne soient pas flagrantes, le tout étant assez mélangé. Ce qui frappe d'entrée, c'est l'investissement de chacun des musiciens, jouants tous plus que leurs instruments de prédilection. TIAMAT serait-il devenu un groupe démocratique, et non plus la bête de Johan Edlund ? On en doute pourtant à la lecture des textes, tous consacrés au même thème : l'amour sous toutes ses formes, les relations de couples et les problèmes qui en découlent. Qu'il s'agisse ou pas d'une catharsis bienfaitrice pour le bonhomme, tout ceci n'est pas très original, n'est-ce pas ? C'est justement ce sentiment de réussite musicale d'un côté, d'échec et de manque d'originalité de l'autre qui provoque un sentiment de gêne - une bonne moitié d'album est tout simplement mauvaise ("The Truth´s For Sale", "Fireflower", "Angel Holograms", qu'on croirait sorti du plus mauvais album de THE CURE, "Heaven Of High", morceau presque country assez indigeste, "Sixshooter" et "However You Look At It You Lose", deux morceaux de mauvais Trip-Hop en bonus tracks).
Au final, le très bon ("The Return Of The Son Of Nothing", ouvrant magistralement l'album, génial morceau Atmosphérique d'une splendeur incroyable, le froid "So Much For Suicide", "Summer By Night", dépouillé mais pourvu de vocaux féminins criés à donner le frisson, la très belle et délicate ballade Rock "Love Is As Good As Soma") côtoie le bon ("Vote For Love" et son refrain fédérateur, "Spine", "I Am In Love With Myself", "Too Far Gone", bluesy et à des lieux de ce qu'on peut attendre de TIAMAT, …) et le mauvais, déjà cité plus haut. Il est aisé de constater que les meilleurs moments de l'album sont les plus atmosphériques - à l'exception des titres Trip-Hop - et qu'au contraire les plus faibles sont tous dans une veine Gothique un peu trop voyante, un peu maladroite. "Judas Christ" rectifie donc à moitié le tir de la créativité de TIAMAT, mais apparaît aussi comme l'album d'un groupe à bout de souffle, ne sachant désormais plus qu'appliquer des recettes, fonctionnant parfois à merveille, parfois à vide. Les détails qui classent néanmoins "Judas Christ" parmi les bons crus de TIAMAT, sont pêle-mêle un Johan Edlund sachant exploiter à la perfection un chant froid et distant, des vocalises féminines opportunes, les solos de Petersson - toujours aussi à l'aise dans cet exercice -, une production au top niveau et des morceaux phares conférants à la magnificence. L'impression laissée par l'album est en définitive très mitigée, laissant un amer arrière goût de gâchis et d'inachevé, mais il serait dommage que les amateurs de mélancolie et surtout ceux de TIAMAT passent à côté des quelques perles qui s'y trouvent.

Huggy : 75% (Mai 2002)



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