Line-up :
Johan Edlund :vocals, guitars & keyboards
Anders Iwers : bass
Lars Sköld : drums
Additional Musicians :
Nicole Bolley : vocals
Andrea Schwartz : vocals
Jessica Andree : vocals
Stefan Gerbe : piano

Suite à la désillusion commerciale de "A Deeper Kind Of Slumber", TIAMAT - débarrassé une fois encore de Thomas Petersson, la girouette de service, qui reprendra sa guitare sur l'album suivant "Judas Christ" - décide de faire un pas en arrière et de renouer avec les riffs de guitares saturées et rend sa musique plus accessible, beaucoup plus accessible même. A ce titre, "Skeleton Skeletron" n'a absolument plus rien à voir avec l'honnêteté intrinsèque qui caractérisait chaque disque du groupe jusqu'alors. En tentant de ne composer que des morceaux plus ou moins dans la veine de "Cold Seed" sur "A Deeper Kind Of Slumbero, morceau le plus accessible et le moins original de cet album, TIAMAT perd totalement sa crédibilité d'artiste explorateur et se range parmi les centaines de groupes qui continuent leur chemin par seul soucis de continuer à vivre de leur musique. D'ailleurs on ne se trompe pas sur le cynisme dès lors développé par le père Edlund, lorsque sur la tournée "Skeleton Skeletron" annonce en guise d'introduction à un titre de "A Deeper Kind Of Slumber" : "Je sais que vous détestez cet album, mais nous nous en foutons". Musicalement, "Skeleton Skeletron" est un recueil de gentilles chansons de Rock Gothique pas originales pour un sous. Attention, cela ne signifie pas que l'album manque d'intérêt. TIAMAT reste TIAMAT et l'expérience de composition acquise par Johan Edlund paye toujours. Il est simplement regrettable que les exigences commerciales gâchent un peu le tableau. Truffé de bons moments ("Church Of Tiamat", "Brighter Than The Sun", "To Have And To Have Not", "Sympathy For The Devil", reprise réussie des ROLLING STONES à la sauce Gothique, …) l'album est aussi composé de morceaux assez fades et poussifs ("Dust Is Our Fare" et son introduction aux claviers Bontempi d'une laideur ahurissante, "For Her Pleasure", "Best Friend Money Can Buy" et son refrain ridicule malgré de superbes parties de piano, …). "Skeleton Skeltron" est assez agréable à écouter, facile d'accès, mais il est loin de posséder la profondeur et le génie de ces deux glorieux prédécesseurs. Il s'écoute au détour d'un après midi d'ennui, au cours d'une soirée entre amis, mais il ne donne pas assez de matière propre à la méditation et à la transe comme il fût jadis le cas chez TIAMAT. La construction de la quasi-intégralité des titres est assez bateau, avec une petite introduction qui sera également la base du refrain, un couplet (souvent uniquement composé du trio basse/batterie/chant - typique du gothique donc) et éventuellement d'un break atmosphérique ou d'un petit solo. Qualifiant l'album d'urbain, Edlund s'est sans doute un peu fourvoyé avec cet album trop éloigné de ce que TIAMAT peut proposer de mieux, juste par soucis de rester dans le top 5 des groupes de Metal Atmosphériques - bien que de Metal, il n'y en ait guère. Néanmoins, en formant un projet annexe, LUCYFIRE, dont la musique est un prolongement direct de ce "Skeleton Skeltron", Johan Edlund a compris son erreur, et a plus ou moins rectifié le tir avec l'album suivant, "Judas Christ", plus personnel et moins clicheresque bien qu'imparfait. En attendant, "Skeleton Skeletron" fait taper du pied, fait siffloter, mais, sans être un désastre, ne possède aucune saveur. A noter, pour l'anecdote, une petite intervention en français à la fin de "As Long As You Are Mine" : "La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous l'allons montrer tout à l'heure" et une narration également dans une langue de Molière bourrée de fautes et pourvue d'un accent suédois à couper au couteau sur "Lucy", clôturant l'album. La jeune fille responsable de ce désastre (ou de ce moment d'humour pour les francophones que nous sommes, c'est selon) a sans doute quelques progrès à faire ! ça tombe bien, Fred Pichot à besoin d'une fille au pair !

Huggy : 65% (Mai 2002)