Tiamat - "Wildhoney"
Sweden - 1994 - Century Media - 42'04
1. Wildhoney
2. Whatever That Hurts
3. The Ar
4. 25th Floor
5. Gaïa
6. Visionaire
7. Kaleidoscope
8. Do You Dream Of Me ?
9. Planets
10. A Pocket Size Sun

Line-up :
Johan Edlund : vocals & guitars
Johnny Hagel : bass
Lars Sköld : drums
Additional Musicians :
Birgit Zacher : vocals
Magnus Sahlgren : guitars
Waldemar Sorychta : keyboards

Autant le préciser tout de suite, "Wildhoney" ouvre un nouveau chapitre dans la carrière professionnelle et musicale de TIAMAT. Restant encore aujourd'hui, le plus gros succès commercial du groupe - certainement de manière définitive, avec plus de 100 000 albums vendus - et toujours considéré comme le meilleur disque du groupe, "Wildhoney" est la transformation du vilain outsider du Metal Atmosphérique, faisant les choses à sa façon sans se préoccuper du reste, en la valeur sûre qu'il est devenu et l'un des leaders de la scène dont il fait partie. Poétique et dégageant avec profondeur le sentiment de la nature, la prise de drogue et les rêves extatiques de Johan Edlund, cet album marque non seulement d'une pierre blanche l'arrivée dans les hautes sphères d'un style jusqu'alors relativement peu prisé, mais aussi la consécration de l'écriture de Edlund, dont TIAMAT est devenu l'exutoire artistique de ses expériences humaines et narcotiques. Plus calme, plus posé, plus onirique que ses prédécesseurs, très travaillé, d'inspirations Pink Floydienne dans le fond - mais pas la forme, si ce n'est "Gaïa" et les quelques passages uniquement basés sur les atmosphères crées par des guitares claires et de curieux samples (la partie centrale de "The Ar", "25th Floor", "Kaleidoscope" et bien sûr la courte ouverture de l'album "Wildhoney") - cette galette du TIAMAT millésime 1994 ne peut laisser indifférent. Inutile de chercher ici traces des stigmates typiques du Metal et surtout pas de cicatrices du passé musical des suédois, elles ne sont présentes qu'en pointillés, au détour de riffs lourds et sublimes posés ici et là ("Whatever That Hurts", "The Ar"), "Wildhoney" est un album contemplatif et méditatif, beau, très beau même, où le talent de compositeur de Edlund prend enfin toute son ampleur, à savourer de préférence à la tombée de la nuit avec quelques grammes de votre psychotrope préféré dans des volutes de fumées. Divisible en deux parties, l'une typiquement Metal Atmosphérique de qualité (les 6 premiers morceaux), la seconde composée de titres en son clair ou en acoustique, Edlund se lâchant complètement sur un morceau tel que "A Pocket Size Sun", totalement déstructuré et plutôt minimaliste. Le bonhomme, bien qu'utilisant toujours sa voix rauque difficilement définissable, a aussi appris à moduler son chant et nous surprend plusieurs fois pas sa qualité (le magnifique "Gaïa", ode à la nature dotée d'un solo à faire pâlir d'envie tous les solistes du style, "Do You Dream Of Me ?", débutant presque comme une comptine pour enfants). Au niveau du personnel, on remarquera l'absence de Thomas Petersson - qui sera cependant présent sur l'album suivant, "A Deeper Kind Of Slumber" - remplacé par le non moins talentueux Magnus Sahlgren, capable de pondre des solos d'un feeling proche de David Gilmour et d'une vélocité féroce, et la présence aux claviers - tout bonnement superbes et inspirés - de Waldemar Sorychta, également aux manettes et co-compositeur de quelques titres. Un chant féminin fait son apparition en pointillés, en forme de chœurs célestes sur "The Ar", en narration sur "A Pocket Size Sun". De nombreux samples sont présents tout au long de l'album, soit sous forme musicale (bruits étranges et malsains rythmés) ou sous forme de pluie, de chant d'insectes, … En poussant le concept du Metal Atmosphérique et en le dotant d'une production qui reste à ce jour une référence dans le style, TIAMAT a réussi à concilier de façon magistrale âpreté, douceur et insanité sous-jacente, marquant toute une génération de fans à vie. Je regrette malgré tout la relative courte durée de "Wildhoney" par rapport au concept et le changement de style intervenant en milieu d'album. La transition se fait sans doute un peu trop rapidement, laissant l'auditeur sur sa faim. Une petite heure voir plus aurait certainement mieux fait l'affaire. Ces considérations sont pourtant bien accessoires lorsque l'on repense à ce que cet album a apporté et représente, encore aujourd'hui.

Huggy : 99% (Mai 2002)



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