Line-up
:
Trikster G. : generation
Håvard Jørgensen : guitars
Hugh Stephen James Mingay : bass
E. Lancelot : drums
Tore Ylwizaker : programming
Knut Magne Valle : cables, wires & various sound contributions
Additional Musicians :
Stine Grytøyr : female vocals
Ihsahn : vocals
Samoth : vocals
Fenriz : vocals
Falch : vinyl scratching
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Hum,
oui ? Allo ? Y'a quelqu'un ? Où suis-je là ? Dîtes
monsieur ULVER, c'est bien vous le groupe de Black Metal ? Parce que
si c'est le cas, là je dois dire que la surprise est de taille
(faudrait que je pense à améliorer mes plaisanteries bidons
moi
:)). Même s'ils avaient déjà l'habitude
de pas mal changer et de se renouveler entre chaque album, l'esprit
de la trilogie restait sensiblement le même. Là, je dois
dire que je reste manifestement "sur le cul" devant une telle
métamorphose. Pour faire simple, ¡ Adios ! le Black Metal
et j'aurais même tendance à dire ¡ Adios ! le Metal
tout court tellement les éléments qui s'en réfèrent
sont rares.
Pour mettre une sonorité sur les écrits de William Blake
(poète, graveur et visionnaire du XVIIIe et XIXe siècles),
le groupe a souhaité garder le côté avant-gardiste
de l'uvre. Dans "Le Mariage du Ciel et de l'Enfer" (écrit
entre 1790 et 1793), Blake proclame l'unité humaine, attaque
la prudence et le calcul au nom de l'épanouissement de l'être
réconciliant désir, sagesse et raison. L'amour comme la
haine étant nécessaires à la vie, c'est le choc
des contraires qui provoque le surgissement de la force créatrice
et la progression de l'être individuel. Il oppose ainsi la raison
à la vision intuitive, à laquelle va sa préférence.
Pour revenir à la musique qui nous est proposée et pour
décrire tant bien que mal la nouvelle direction suivie par ULVER,
je dirais que le modernisme est le premier mot qui me vient à
l'esprit. En effet, le groupe a incorporé de nombreux nouveaux
éléments et effets indiquant leur volonté de regarder
définitivement vers la droite. Premièrement, on retrouve
le côté totalement déstructuré que l'on pouvait
avoir sur la demo du groupe, en plus affirmé, et l'essence en
est bien évidemment très différente. Pour situer,
on retrouve tout à tour du Trip-hop (c'est la dominante je pense),
de l'Electro, un peu d'Indus, un chouilla de Metal quand les guitares
saturées sont présentes (c'est à dire rarement),
des passages qui pourraient être issues de musique de films, à
la Eric Serra et tellement d'autres choses encore. On se retrouve prisonnier
entre rythmes acoustiques ou boucles synthétiques, voix (il est
à noter que le chant de Garm, ou Tickster G. est de plus en plus
étonnant) naturelles ou robotisées (on remarque également
au passage les interventions assez surprenantes des deux cerveaux d'EMPEROR
et de monsieur DARKTHRONE sur le dernier titre "A Song Of Liberty",
merci également à Stine pour ses sublimes interventions),
en clair et en deux mots simples, recherchées et travaillées.
Tour à tour intimistes, très minimalistes, ou très
expansives avec une déluge de décibels allant dans tous
les sens, les nouvelles sonorités d'ULVER nous propulsent dans
un univers parallèle où se côtoieraient, comme le
nom de l'album l'indique, bonheur éternel et totale décadence.
Cet album est violent, non pas musicalement parlant mais dans l'esprit
qui en ressort. Vous me direz que ce n'est qu'un album de plus qui ne
nous laisse pas intact (je sais, il y en a beaucoup avec moi :)), mais
c'est clairement le cas. Cette invitation au voyage ou à l'intérieur
même d'un film se révèle être incroyable et
extrêmement enrichissante. Qui n'a jamais rêvé de
se laisser transporter dans un monde totalement mystérieux et
énigmatique ?
Il est de moins en moins aisé de parler d'un groupe de la trempe
d'ULVER, il est encore moins aisé de résumer le contenu
d'un double album aussi riche et étrange, en quelques lignes,
mais je pense que le principal y est
La musique d'ULVER ouvre
définitivement une nouvelle page de l'histoire de cet art, rien
est impossible désormais.
Ben
: 90% (Septembre 2002)
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