Ulver - "Themes From William Blake's The Marriage Of Heaven And Hell"
Norway - 1998 - Jester Records - 101'09
---Disc One---
1. The Argument - Plate 2 - 4'03
2. Plate 3 … - 2'48
3. … Plate 3 - 1'33
4. The Voice Of The Devil - Plate 4 - 2'49
5. Plates 5-6 - 2'31
6. A Memorable Fancy - Plates 6-7 - 4'24
7. Proverbs Of Hell - Plates 7-10 - 9'06
8. Plate 11 - 2'01
9. … - 3'26
10. A Memorable Fancy - Plates 12-13 - 5'59
11. Plate 14 - 2'08
12. A Memorable Fancy - Plate 15 - 4'51
13. Plates 16-17 - 3'17
---Disc Two---
14. A Memorable Fancy - Plates 17-20 - 11'23
15. … - 2'27
16. Plates 21-22 - 3'11
17. A Memorable fancy - Plates 22-24 - 4'50
18. … - 3'59
19. A Song Of Liberty - Plates 25-27 / Chorus - 26'23

Line-up :
Trikster G. : generation
Håvard Jørgensen : guitars
Hugh Stephen James Mingay : bass
E. Lancelot : drums
Tore Ylwizaker : programming
Knut Magne Valle : cables, wires & various sound contributions
Additional Musicians :
Stine Grytøyr : female vocals
Ihsahn : vocals
Samoth : vocals
Fenriz : vocals
Falch : vinyl scratching

Hum, oui ? Allo ? Y'a quelqu'un ? Où suis-je là ? Dîtes monsieur ULVER, c'est bien vous le groupe de Black Metal ? Parce que si c'est le cas, là je dois dire que la surprise est de taille (faudrait que je pense à améliorer mes plaisanteries bidons moi… :)). Même s'ils avaient déjà l'habitude de pas mal changer et de se renouveler entre chaque album, l'esprit de la trilogie restait sensiblement le même. Là, je dois dire que je reste manifestement "sur le cul" devant une telle métamorphose. Pour faire simple, ¡ Adios ! le Black Metal et j'aurais même tendance à dire ¡ Adios ! le Metal tout court tellement les éléments qui s'en réfèrent sont rares.
Pour mettre une sonorité sur les écrits de William Blake (poète, graveur et visionnaire du XVIIIe et XIXe siècles), le groupe a souhaité garder le côté avant-gardiste de l'œuvre. Dans "Le Mariage du Ciel et de l'Enfer" (écrit entre 1790 et 1793), Blake proclame l'unité humaine, attaque la prudence et le calcul au nom de l'épanouissement de l'être réconciliant désir, sagesse et raison. L'amour comme la haine étant nécessaires à la vie, c'est le choc des contraires qui provoque le surgissement de la force créatrice et la progression de l'être individuel. Il oppose ainsi la raison à la vision intuitive, à laquelle va sa préférence.
Pour revenir à la musique qui nous est proposée et pour décrire tant bien que mal la nouvelle direction suivie par ULVER, je dirais que le modernisme est le premier mot qui me vient à l'esprit. En effet, le groupe a incorporé de nombreux nouveaux éléments et effets indiquant leur volonté de regarder définitivement vers la droite. Premièrement, on retrouve le côté totalement déstructuré que l'on pouvait avoir sur la demo du groupe, en plus affirmé, et l'essence en est bien évidemment très différente. Pour situer, on retrouve tout à tour du Trip-hop (c'est la dominante je pense), de l'Electro, un peu d'Indus, un chouilla de Metal quand les guitares saturées sont présentes (c'est à dire rarement), des passages qui pourraient être issues de musique de films, à la Eric Serra et tellement d'autres choses encore. On se retrouve prisonnier entre rythmes acoustiques ou boucles synthétiques, voix (il est à noter que le chant de Garm, ou Tickster G. est de plus en plus étonnant) naturelles ou robotisées (on remarque également au passage les interventions assez surprenantes des deux cerveaux d'EMPEROR et de monsieur DARKTHRONE sur le dernier titre "A Song Of Liberty", merci également à Stine pour ses sublimes interventions), en clair et en deux mots simples, recherchées et travaillées. Tour à tour intimistes, très minimalistes, ou très expansives avec une déluge de décibels allant dans tous les sens, les nouvelles sonorités d'ULVER nous propulsent dans un univers parallèle où se côtoieraient, comme le nom de l'album l'indique, bonheur éternel et totale décadence. Cet album est violent, non pas musicalement parlant mais dans l'esprit qui en ressort. Vous me direz que ce n'est qu'un album de plus qui ne nous laisse pas intact (je sais, il y en a beaucoup avec moi :)), mais c'est clairement le cas. Cette invitation au voyage ou à l'intérieur même d'un film se révèle être incroyable et extrêmement enrichissante. Qui n'a jamais rêvé de se laisser transporter dans un monde totalement mystérieux et énigmatique ?
Il est de moins en moins aisé de parler d'un groupe de la trempe d'ULVER, il est encore moins aisé de résumer le contenu d'un double album aussi riche et étrange, en quelques lignes, mais je pense que le principal y est… La musique d'ULVER ouvre définitivement une nouvelle page de l'histoire de cet art, rien est impossible désormais.

Ben : 90% (Septembre 2002)



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