Ulver - "Vargnatt"
Norway - 1993 - 27'45
1. Her Begynner Mine Arr... - 3'06
2. Tragediens Trone - 4'00
3. Trollskogen - 4'31
4. Ulverytternes Kamp - 5'29
5. Nattens Madrigal - 6'28
6. Vargnatt - 4'11

Line-up :
Kris R. : vocals & arrangements
Grellmund : guitars
A. Reza : guitars
C. Michael : drums & percussion
H. Jørgensen : acoustics
Additional Musician :
Robin (Mysticum) : bass

C'est en 1993 que remontent les débuts discographiques du mythique ULVER avec leur non moins mythique première (et unique) demo "Vargnatt". Le groupe débute, ça se sent mais déjà, on perçoit un net potentiel et une volonté de sonner différent. Sentiment que l'on retrouvera durant toute la carrière d'un groupe vraiment hors du commun (encore un). ULVER arrive dans la période la plus prolifique de la scène norvégienne avec nombres d'excellents groupes de Black Metal (je ne vais pas en citer, ce serait criminel).
C'est donc dans ce style que, globalement, ULVER évolue à cette époque. Mais ils restent bien loin du côté primitif d'un DARKTHRONE ou d'un MAYHEM. Le groupe se veut beaucoup plus diversifié et original. Outre les parties "classiques" inhérentes au Black Metal : riffs à toute berzingue avec chant ultra haineux, ils s'aventurent dans des chemins beaucoup plus calmes avec une bonne utilisation de la guitare acoustique mais pas dans un contexte folklorique comme on pourra trouver sur le premier album. Elle est là sous forme d'arpèges alambiqués, comme sur l'intro du premier morceau "Her Begynner Mine Arr..." pour donner de l'ampleur à une bonne mise en bouche, un accompagnement aux autres guitares, ou encore en tant qu'instrument principal, comme dans "Trollskogen" qui lui, constitue une pièce totalement acoustique tout juste accompagnée de rares passages chantés. Le chant, justement, venons-en, il est, lui aussi, on ne peut plus varié, il passe d'une voix Black assez conventionnelle, très criarde, à un chant rugueux parlé, presque murmuré, en passant par un chant clair très pleuré, ou encore une voix lyrique presque féminine et, d'après les rares infos que j'ai dessus, tout ceci est interprété par la même personne, ce qui en fait un bon challenge, de bonnes perspectives pour la suite.
Le rythme général de cette démo n'est pas ce qu'on peut appelé un rythme soutenu car il vogue lui aussi entre l'ultra rapide et l'ultra lent, ce qui nous permet bien sur de ne pas nous ennuyer. Il est globalement moyen mais ces écarts, assez fréquents il faut le dire, sont bien sur à noter. Le niveau technique des musiciens est exceptionnellement haut pour un groupe catalogué Black Metal à cette époque (sa "sophistiquisation" ne viendra que plus tard) mais c'est ce qui l'enrichit de manière considérable. Les instrumentistes en question en sont plus libres pour aller où ils veulent, et, comme les structures sont quasiment inexistantes, il faut avoir un certain degré de compétence pour suivre. En effet, les différentes parties de batterie sont très hétéroclites et sont souvent en contre temps mais ne suivent pas de lignes de conduites précises. Il est impossible de prévoir de qui va se passer la seconde suivante et c'est là, je pense le gros atout du groupe.
Le manque de moyen pour la réalisation de cette démo ne leur offrira qu'une très faible production mais qui a tout de même l'avantage de faire ressortir chaque partie de chaque instrument et de comprendre ce qu'il se passe. Même s'il y a un net manque de puissance, faute de bon son, on perçoit un très grand talent qui n'ira qu'en grandissant.
Merci ULVER, on avait bien besoin de ça.

Ben : 75% (Septembre 2002)



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