Velvet Acid Christ - "Fun With Knives"
USA - 1999 - Metropolis Records - 73'54
1. Decipher - 4'45
2. The Dark Inside Me - 4'54
3. There Is No God - 5'14
4. Icon - 4'51
5. Fun With Drugs - 5'24
6. Speedball O.D. - 3'14
7. Psycho - 6'37
8. Slut - 6'40
9. Apflux - 4'31
10. Fun With Knives - 6'31
11. Caught - 5'40
+ Bonus Track - 7'57

Line-up :
Bryan Erickson : nothing & everything
Additional Musicians :
Josh Wilson : vocals on "Caught"
Anna (Luxt) : vocals on "Slut"

Mettons quelques instants le metal entre parenthèses pour s'intéresser à ce petit phénomène américain qui met depuis trois années le monde de la Techno sans dessus-dessous. Cette petite infidélité se justifie de deux manières : d'abord Bryan Erickson, le leader-compositeur de VELVET ACID CHRIST argue depuis longtemps de références dans le Metal (notamment Napalm Death), ensuite je n'ai pas trop de mal à imaginer que la musique proposée à de quoi séduire un maximum de métalleux endurcis en bien des aspects. Fi de la Techno-Hardcore et de son intorchable ultraviolence, VELVET ACID CHRIST ouvre les portes d'un trip Electro-Trance grisant mais particulièrement rétif à toute festivité, pour ne pas dire sombre. Les morceaux de ce "Fun With Knives", s'ils ne procurent pas tous une jouissance égale, disposent d'un corps qui transcende leur nature synthétique par des nappes de synthés procurant des ambiances alternativement lourdes et oppressantes ou belles et aériennes, en clair l'aura qui entoure la musique de VELVET ACID CHRIST ne serait pas reniée par la branche atmosphérique du Gothic, du Dark Ambient, voire du Metal. Et comme de surcroît le squelette Techno de l'animal est très à son avantage par rapport aux catalogues de beats préfabriqués et d'arrangements idiots qui terrorisent habituellement le mélomane de goût, VELVET ACID CHRIST se mue en une passerelle stable et engageante entre deux biosphères en général diamétralement opposées en mentalités et en codes d'attitude. Usant de défragmentations et de superpositions assez géniales de rythmes à contretemps en plus des sonorités robotiques et autres artifices propres aux Dance-floors, Bryan Erickson parvient à bâtir de véritables petites symphonies technoïdes comme autant de piliers d'une cathédrale qui tient parfaitement debout au final. Pour couronner le tout, l'effacement des lignes vocales, plus murmurées que déclamées, au profit de samples distordus contribue à installer un climat pernicieux et surréel qui invite à l'exploration fiévreuse et parfois au décollage - mais pas besoin de substances pour ce faire (hein Huggy ;-) !!!), il suffit de se coller un casque sur les oreilles et de se sentir glisser le long des tubulures psychotiques de titres hallucinés mais très relaxants comme "Icon", "The Dark Inside Me" ou le gagnant de la loterie, le fabuleux et intense "Fun With Knives" qui contient nombre de samples alléchants laissant présupposer que le titre n'est pas forcément à prendre au second degré… Deux morceaux déteignent de façon criarde sur le reste de l'album. D'un côté l'hyperactif "Speedball O.D.", pour lequel je me permets une petite hérésie en évoquant le terme de Techno-Grindcore, de l'autre le plus Massive Attackien "Slut" sur lequel intervient une lascive voix féminine sur fond de Drum 'n' Bass avec piano perdu dans la stratosphère. Même si je conseille de se référer à des sources spécialisées pour une description plus compétente des composantes de la musique, je peux témoigner du charme magnétique énorme que produit "Fun With Knives" lorsqu'on l'aborde sans sectarisme ni préjugés. Une excellente option plus musicale pour ceux qui veulent encore repousser les frontières de ce qu'ont pu faire ULVER dernièrement. Du reste, là où le "Perdition City" des derniers-nommés servirait de chute progressive dans le demi-sommeil comme le groupe en atteste lui-même, VELVET ACID CHRIST pourrait symboliser l'accueil dans le monde désarticulé et agité du rêve. Comme dirait ce bon vieux Nounours : "Bonne nuit les petits !"

Uriel : 80% (Avril 2002)



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